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mercredi 25 mars 2015

Journée internationale de lutte contre le racisme et les discriminations, Participation des camarades Cheikh Oumar BA et Abou Cooyel FAAL.



Dans le cadre de la semaine contre le racisme et les discriminations 2015, Les camarades Cheikh Oumar BA et Abou Cooyel FAAL
 ont participé à  la Journée internationale de lutte contre le racisme et les discriminations organisée le jeudi 19 mars 2015
par La Fédération Française pour l'UNESCO au 125, avenue de Suffren, 75007 Paris.


Oumar BA CHEIKH Communication à l’UNESCO, le 19 mars 2015


Avant tout, permettez-moi d’adresser mes félicitations et mes remerciements aux organisateurs de cette journée et à tous ceux qui m’ont permis de prendre la parole et de m’adresser à vous dans cette grande maison qu’est l’UNESCO. Je remercie la Fédération française  pour l’UNESCO, la Plateforme Panafricaine à travers eux, monsieur Ardiouma SIRIMA, auteur du poème « Hartani » que vous verrez en dessous de cette communication.

Je salue la présence dans cette salle de Monsieur Mbooc  Sammba Beddu, un des pères de l’Education Nationale mauritanienne qui, à cause de la couleur de sa peau, continue à être victime du racisme et de la marginalisation. Lui comme bien beaucoup d ‘autres cadres négro-mauritaniens ont été poussés par  le Système Beydane mauritanien à quitter leur pays  et  vivent en exil depuis de 30 ans.

Le camarade Abou Cooyel FAAL et moi sommes venus ici, au nom du Groupe Mauritanie Retour (GMR), vous décrire  les conditions de  vie des Noirs mauritaniens victimes du racisme et de la barbarie de ce système.
Pour ceux qui ne le savent pas, le Système Beïdane mauritanien est l’équivalant de l’ancienne Ségrégation raciale sud-africaine. Sauf que l’Apartheid sud africain  était écrit, connu et reconnu, alors que le Système Beïdane  est plus sournois dans son application: le Beidane ou le Maure  est considéré par ce système comme  supérieur aux autres, en tout, pour tout et partout.

Cette oppression se manifeste par :

1) L’esclavage: le Haratine est un individu noir, esclave du Maure, sous l’ordre de son maitre. Il est hérité et à ce titre peut être prêté, loué, vendu et castré, s’il travaille sous l’autorité de sa maîtresse. La fille Haratine reste un objet sexuel pour son maître.

2) Le harcèlement des autres Noirs (Wolofs, Peuls, Soninkés, Bamanaké) pour qu’ils quittent le pays. Depuis l’indépendance en 1960, pour ce système, celui qui n’accepte pas cet état de fait doit quitter la Mauritanie.
C’est dans ce cadre que s’inscrivent les différents événements qui se sont déroulés en Mauritanie :

a) 1966 et 1979 : massacre d’élèves et d’étudiants noirs qui avaient manifesté contre  l’arabisation de l’enseignement en Mauritanie.

b) 1989 : déportation de plus 200 000 noirs mauritaniens vers le Mali et le Sénégal : certains aujourd’hui revenus, se retrouvent réfugiés dans leur propre pays.

c) 1990: La radiation de 1500 militaires noirs de l’armée nationale et l’assassinat de près de 515 d’entre eux..  Dans cette même année,  28 militaires noirs sont pendus pour célébrer le trentième anniversaire de la fête de l’indépendance mauritanienne.

3) Ce Système n’arrivant pas à vider le pays de ses Noirs, les exproprie de leurs terres, en installant à leur place, dans le Sud du pays (Fuuta Tooro, Gidimaxa, Waaol) des Touareg maliens, des Palestiniens, des Sahraouis, des Syriens, des Agro-business Arabes, sans parler des compatriotes Maures venant du nord. Aujourd’hui, le Sud est occupé comme au temps colonial.

4) Comme tous les Noirs n’ont pas encore quitté le La Mauritanie, le Système Beïdane a inventé l’enrôlement depuis 2011: un recensement dont l’objet est de priver les Sudistes de leur nationalité mauritanienne. Désormais, tout mauritanien Noir possédant une  autre nationalité perd automatiquement sa nationalité mauritanienne. Faites un tour au 5 rue de Montevideo à Paris où se situe l’Ambassade de la Mauritanie, vous verrez que tous ceux qui n’arrivent pas à s’enrôler sont des Noirs. Ils viennent parfois des pays limitrophes comme la Belgique ou la Hollande, ils restent des jours, sans y arriver et ils repartent. Nombreux parmi nous sont devenus apatrides. Beaucoup d’immigrés mauritaniens, ayant pris le risque d’aller au pays pour se recenser, y restent bloqués et perdent leur travail. D’autres sont à l’extérieur sans savoir quoi faire avec des passeports expirés.

Malgré tous ces faits  inhumains, le Système Beïdane a réussi à mobiliser tout ce qu’on appelle le monde arabe autour des mensonges suivants : les nègres mauritaniens sont anti Arabes, ou encore  les nègres mauritaniens envahissent les terres arabes.

Aujourd’hui, c’est le même ensemble qui, sans réellement savoir ce qui se passe, soutient ce régime, raciste et esclavagiste des Arabo-berbères en Mauritanie.

Je leur demande de bien vouloir nous écouter nous aussi et d’essayer de comprendre ce que nous vivons dans notre propre pays.
A nos frères mauritaniens supporters de ce Système, je leur dis de bien vouloir épargner ce pays de la soudanisation ou de la rwandisation. Ce pays possède plus d’un million trois cents milles kilos mètres carrés, tous nous pouvons y vivre ensemble. Nous ne sommes que trois millions d’habitants et jamais le nombre d’habitants ne dépassera les capacités de ce pays.

Au lieu de peupler le pays par d’autres personnes, acceptons d’abord de vivre ensemble entre Mauritaniens, quelle que soit notre couleur de peau, notre culture, notre langue ou notre philosophie de vie !
Ce pays ne peut plus être géré pour et par 18% de la population. Nous acceptons de dialoguer pour l’intérêt de notre patrie, mais nous refusons catégoriquement de brader les terres que nos ancêtres nous ont léguées. Nous refusons aussi de  troquer  notre histoire et notre culture contre quoi que ce soit.. Nous, les natifs de Waalo Brak, de Fuuta Tooro, de  Guidimaxa et les Bamanake,  restons Mauritaniens, fiers de notre passé africain, refusons l’imposition d’autres cultures.
Notre souci est de ramener dans la dignité l’ensemble des déportés et réfugiés mauritaniens dans une Mauritanie libre fraternelle et égalitaire.

Cheikh Oumar BA,
Fuutanke, mauritanien,
Membre du GMR (Groupe Mauritanie Retour).

JE SUIS HARATINE ET FIER DE NE PLUS L'ETRE

Hartani, ma Soeur, mon Frère Harratine, Levons nous et brisons ensemble le mur du silence
Le mur de Leur silence
Dans ce vaste monde où chaque jour qui vient, amène sa mare de boue qui vient gonfler le taudis
de nos vies de misère,
Dans cette mondialisation si civilisée qui proclame partout la fin de la servitude, nous a-t-on dit
Et qui pourtant se nourrit jour après jour de la sueur arrachée aux nouveaux esclaves de notre ère,
Sur qui comptes-tu, oh toi ma Soeur, sur qui comptes-tu, oh toi mon Frère, Haratine,
pour crier, avec toi, la douleur de ton indicible esclavage ?
A qui veux- tu adresser l'écho inaudible de ton message de révolte,
déjà multiséculaire mais toujours sans récolte ?
Viens ma Soeur Haratine, viens Hartani mon Frère,
S'il ne te reste sur cette terre, que ma seule voix pour remplir le vide de ton sanglot de douleur,
Viens, Lève-toi et marche, sans rancoeur et sans peur , je te suivrai à toute heure
Et dans toute la splendeur de la dignité de ton regard sceptique,
Clame loin et fort haut ton cri serein et pacifique
Qui brise la chaîne de leur esclavage dans toute sa laideur
A tes côtés, je marcherai d'un pas alerte, avec ferveur
Levons nous et brisons Ensemble le mur de leur Silence,
Le silence si épais qui obstrue la voie de Notre espérance,
Ne soyons plus esclaves de leur esclavage qui nous sortit de la race
Nous devons bientôt marquer le chemin de la liberté de notre trace,
Car nous sommes libres désormais de refuser leur fausse liberté proclamée mais jamais vécue,
Car nous sommes libres dorénavant de donner une autre couleur et un autre sens à notre vécu !
Haratine, Citoyen du nouveau Monde ! Je proclame ton NOM , Je proclame ton NON !
Tu es Hartina/Je suis Haratine et fier de ne plus l'être ! A jamais !
Avec toi , Pour toi
Je meurs/Tu meurs pour mieux nous ouvrir au nouveau Monde
Je meurs /Tu meurs pour rendre possible un nouvel avenir au vieux Monde,
Des entrailles d'un monde immonde faisons jaillir un LIBRE Monde
Soeurs et Frères Haratine
A la place de nos poings jadis fermés par la révolte face à leur insouciance
Tendons les mains au Monde, à tout le monde, en toute confiance et sans violence
A l’indifférence, face à nos souffrances
Ouvrons grand nos coeurs qui battront demain à l’unisson
Contre toutes les souffrances, contre tous les racismes et toutes les soumissions.
Contre leur esclavage, contre tous les esclavages
Formons une chaîne humaine et proclamons à tout l’univers « Je suis Haratine ! ».

Ardiouma SIRIMA , Citoyen du Monde , Rennes le 22 février 2015

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