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mercredi 29 octobre 2014

Appel à la mobilisation des justes et des victimes contre le diktat de l’ordre féodal et obscurantiste en Mauritanie.



 
Lundi 27 octobre 2014, le juge d’instruction du sixième cabinet du tribunal de Nouakchott, Issa ould Mohamed, délivre trois mandats de dépôt à la prison de Dar Naim, près de la capitale Nouakchott, contre les militants, membres d’IRA-Mauritanie : l’Imam Brahim Jiddou, Yacoub Inalla et Baba Traoré.

Les trois membres de l’organisation abolitionniste et de défense des  droits humains, IRA, sont issus de la communauté noire servile, les Hratin, majoritaires dans le pays mais opprimés et marginalisés.

Le juge, arabo-berbère, comme l’officier  de police judiciaire ,Ahmed Baba ould Ahmed Youa et le Procureur de la République, Moulaye Ely ould Moulaye Ely, ont agi, par solidarité avec le mufti de Mauritanie, Ahmedou Lemrabot Habibourahman, célèbre pour ses fatwas sexistes, ses positions esclavagistes tranchées, son antisémitisme assumé, son intolérance envers les autres religions et ses appels au meurtre récurrents contre le courant abolitionniste.

Par sa naissance, et non point sa culture ou son utilité sociale, l’homme se trouve, depuis des années, au sommet de l’autorité religieuse en Mauritanie ; il s’est senti blessé, dans sa dignité de noble, par le fait, qu’une personne d’origine servile, en l’occurrence Brahim Jiddou , osât lui apporter la contradiction et le démentît, en public, devant les ouailles rassemblées lors de la prière du vendredi. 

Ahmed Lemrabot Habibourahman déclarait, devant les fidèles que toute entente, communion ou sympathie avec les infidèles, juifs et chrétiens, est une apostasie, une infamie ; quand les impies juifs et chrétiens octroient des distinctions, des médailles ou des prix à des personnes de religion musulmane, celles-ci assument alors la forfaiture ultime et l’apostasie, deux situations dangereuses pour l’Islam et l’unité du pays ; il poursuit, en substance, microphone, répercuté par les hauts parleurs de la Grande mosquée de Nouakchott : « au sein de nous il y une bande de personnes que les juifs ont primées par l’intermédiaire d’ongs ou d’organismes internationaux qui sont à la solde du judaïsme ; ces personnes méritent la mort, selon la loi de Dieu et l’Etat a trop ajourné la sanction que Dieu a prévu, pour ce genre de criminels, dans sa loi. »

Le démenti adressé au mufti par l’imam Brahim Ould Jiddou, a immédiatement suscité une tentative de lynchage, du susdit, par les nervis de la mosquée ; n’était l’interposition de fidèles Hratin et de certains militants venus s’acquitter de leur devoir cultuel en  ce 24 octobre 2014, notre camarade aurait succombé à une copieuse molestation. Le soir même, la police politique Mauritanienne (Direction de la Sûreté de l’Etat D.S.E ), arrête Brahim Jiddou et plusieurs autres militants d’IRA ; le 27 octobre, ils sont déférés devant la Parquet, dans le palais de justice de Nouakchott, placé, dès les premières heures de la matinée, sous haute surveillance policière.

Le Procureur de Nouakchott et le juge d’instruction ont inculpé les jeunes militants anti-esclavagistes des délits et crimes suivants : « perturbation de la prière, incitation à la haine et à la rébellion et agression contre les forces de l’ordre ». Quant au mufti, auteur d’injures racistes et d’appels explicites à tuer dans la veine de la rhétorique de Daesh et de Boko Haram, il ne fait l’objet d’aucune poursuite.

D’autre part, les militants d’IRA, dès l’annonce de la nouvelle, organisent une marche pacifique pour protester dans les rues de Nouakchott et face au palais de justice. La police, présente en grand nombre, charge et utilise, avec abondance, les bombes à gaz lacrymogènes et les matraques ; plusieurs personnes se sont évanouies, sous l’effet d’une répression gratuite et disproportionnée.

Parmi les blessés, nous comptons : 
-Madame Fatimetou  Memmed
-Madame Raya Yatma
-Monsieur Jemal Mbareck

Les organes de presse - exceptés un ou deux journaux sur papier, quelques rares sites électroniques - dont la totalité des radios ou télévisions que l’Etat ou les groupes dominants qualifient de « privés », ont magnifié la position et l’attitude, du mufti, de la police et des juges ; beaucoup, parmi ces média, émettent et amplifient le veut que l’Etat sévisse, le plus durement possible, contre les membre d’IRA ; selon eux, la remise en cause de la sacralité du mufti requiert un châtiment exemplaire.

Pour notre part, nous lançons un appel aux justes, en Mauritanie et ailleurs, de se mobiliser pour défendre les détenus de l’honneur, les détenus de la dignité, les détenus du courage et de la liberté d’expression, les détenus du défi devant l’omnipotence et l’arrogance de l’Etat et des groupes dominants esclavagistes ; nous convoquons la conscience intègre, face au silence et à la connivence du monde libre, des africain et des musulmans,  envers le dernier Etat du monde à tolérer et encourager l’esclavage et sanctionner ses contempteurs.

Nous lançons un appel à tous les militants et sympathisants d’IRA de continuer et d’élargir, une mobilisation intense et soutenue, dans toutes les villes de Mauritanie ; à tous, nous disons : « votre place de femme ou d’homme digne et libre, est en prison, avec les martyrs de l’émancipation et toujours dans le respect de notre credo, qui est la LIGNE DE L’ACTION PACIFIQUE ».

                                                                              Biram Dah ABEID
Dakar, le 28 octobre 2014

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