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jeudi 13 février 2014

Nouveau gouvernement : La marginalisation continue



Après dix jours d’attente, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz et son Premier ministre ont dévoilé la composition de leur gouvernement. Plusieurs anciens ministres, notamment ceux de souveraineté ont été reconduits sans surprise. Six femmes sont entrées au gouvernement. Onze nouvelles nominations. Les traditionnels dosages par voie de tribu, de région, de communauté ont été pris en compte. La griffe de personnalités puissantes civiles et militaires sont clairement visibles à travers certaines promotions. Finalement, la révolution attendue n’a pas eu lieu. Le PM a promis un gouvernement de compétences. Voilà. Le Président tenait à associer les formations politiques qui soutiennent son programme en tant que majorité présidentielle consolidée. Voici. Deux formations y sont entrées : Karama et UDP. Six Négro Africains occupent paritairement (Deux Halpular, deux Peulhs, deux Soninkés) les portefeuilles du ministère secrétaire général de la Présidence, des finances, de l’éducation nationale, du secrétariat général du gouvernement, des Mauritaniens de l’étranger et l'environnement. Les Ouolofs sont totalement absents de cette équipe gouvernementale. Sur les 26 strapontins, les Maures (Blancs et Noirs) c'est-à-dire les Beydhanes et les Harratines qui constituent la majorité de la population disposent de 20 postes ministériels avec 17 pour les Beydhanes et 3 pour les Harratines. C’est juste un constat. Pas plus. Rien à voir avec cette histoire de partition de la grande communauté Arabe ou Arabo berbère ou Beydhanes comme aiment à l’appeler les uns ou les autres. L’essentiel ici est de démontrer la fausseté des professions de foi maintes fois ressassées par ces décideurs malhonnêtes et leurs thuriféraires qui ne ratent aucune occasion de verser des larmes de crocodile sur l’unité nationale menacée chaque fois que des citoyens consciencieux réclament justice et équité dans l’accession aux hautes fonctions de l’Etat. Ce n’est pas une occasion de réveiller les démons de la division en ceci ou en cela. Mais la realpolitik impose néanmoins certaines remarques. Il faut bien que la formation d’un gouvernement réponde à un certain nombre de critères. Représentativité populaire, compétence, moralité, allégeance aux gouvernants et autres qualités prédisposant à occuper une haute fonction nationale. Dans leur communauté Beydhane, les Harratines ne peuvent pas faire moins de la moitié de ce groupe. Si l’argument de l’incompétence se justifiait au début des années 80 et même un peu après, personne ne peut plus aujourd’hui se prévaloir de cela étant entendu qu’il est difficile de citer un domaine dans lequel les cadres de cette composante ne sont pas légion. Nonobstant ceux qui sont de l’APP, d’El Wiam ou même d’IRA «innommables », les Harratines de l’UPR sont les plus grands applaudisseurs, les plus grands laudateurs et les plus grands glorificateurs au point de friser l’exagération et l’excès. Normalement, la parité devrait prévaloir entre les deux groupes d’une même communauté. Autrement, la composition du nouveau gouvernement semble confirmer les propos prêtés au PM selon lesquels les Harratines constituent une minorité. Les trois portefeuilles (habitat, enseignement supérieur, énergie) qui leur ont été donnés constituent un véritable recul sur le plan de la participation de cette importante frange nationale à la gestion de la chose nationale. Or, l’émancipation effective de cette composante sociale passe par son implication réelle dans les affaires publiques proportionnellement à son poids démographique et aux qualités humaines, professionnelles et intellectuelles de ses cadres. Pour cela, il faut une grande dose de courage, de vision et de responsabilité. Certaines forces rétrogrades, négationnistes et féodales s’y opposeront sur la base étriquée et totalement fausse de volonté de certains de partager le pays. Mais la témérité, le civisme et l’intérêt de la Mauritanie résident dans la capacité de leur faire comprendre que le pays appartient à tous ses fils sur la base des seuls critères de compétence, de formation et de moralité. Toutes les autres considérations ne sont plus d’actualité et ne sont plus acceptables. J’entends déjà des voix décompter les postes. Assemblée Nationale. Conseil Economique et Social. Conseil Constitutionnel. Effectivement. Mais le recul est net. Il ne s’agit pas de partager un gâteau. Certes. Mais la politique de l’attelage des Djinns (côté plein, côté vide) n’est pas juste. Beaucoup de choses se racontent autour cette histoire du partage de responsabilités nationales. Dans l’administration civile et au sein des corps constitués. Certaines organisations proches de certains milieux dénoncent parfois à juste titre, mais avec une certaine surenchère voire même exagération cette situation. Elles vont même jusqu’à en faire une menace de l’unité nationale. Ce qui n’est pas totalement faux. L’injustice, l’exclusion et la marginalisation peuvent mener aux dérapages les plus pires et les plus dramatiques. Continuellement, surtout pendant cette dernière période, les autorités nationales donnent par leurs agissements maladroits des arguments aux nageurs en eaux troubles de tout bord. La désignation des membres du dernier gouvernement en est une preuve éloquente.

Sneiba.

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