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lundi 10 février 2014

Fatma Jemal, détenue pour lutte contre le racisme et l'exclusion






Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA)
Fatma Jemal, détenue pour lutte contre le racisme et l'exclusion
            Le Procureur de la République près le tribunal de Nouakchott a transféré, jeudi 6 février 2014, Madame Fatma Jemal Mint Achour à la prison pour femmes ( Moughataa de Sebkha, Nouakchott) sous le chef d'inculpation "d'agression contre un agent de police en cours d'exercice de son métier", un chef d'inculpation dont use et abuse la justice mauritanienne inféodée au groupe des esclavagistes parmi la communauté des Maures contre les militants pacifistes d'IRA. Auparavant, le Préfet de Arafat avait introduit une plainte contre l'accusée et contacté lui-même le Procureur sans même prendre la peine d'entendre Madame Mint Achour qui fut agressée par l'agent de police.
            Nous tenons ici, pour édifier l'opinion sur la réalité des faits, à relater le déroulement des actes qui ont mené à cette situation rocambolesque. Le mercredi 5 février 2014 aux environs de 12 heures, Fatma Jemal, adjointe au président d'IRA au niveau de la Moughataa de Arafat, remarquait la présence d'un couple formé d'un monsieur, habillé en civil, accompagné d'une dame qui sillonnaient le quartier et enregistraient les nécessiteux en vue d'une distribution future de "l'aumône et de la viande de l'Etat saoudien". La militante d'IRA remarquait, cependant, que les visiteurs n'enregistraient que les familles "Bidhane"! C'est alors qu'elle décida de les interpeller, en sa qualité de défenseur des droits de l'homme, pour leur exprimer son indignation devant leur attitude sélective: "comment se fait-il, leur demanda-t-elle, que vous toquiez aux portes de maisons, visiblement vides, alors que vous avez plein de nécessiteux, sans maison et qui n'attendent que d'être enregistrés?". Pour toute réponse, le monsieur en civil lui répliqua: "Ici c'est un quartier à problèmes, ce sont tous des esclaves ignares et ils ne méritent rien de notre part". C'est alors que la militante exigea des excuses pour les propos injurieux à l'encontre de la communauté des Hratine particulièrement visée ces derniers temps par les segments esclavagistes de l'Etat ethnique. Elle demanda aussi au "recenseur" d'enregistrer les familles pauvres indépendamment de la couleur de leur peau et notamment l'une des familles particulièrement indigente composée de malades et d'orphelins. Mais, là encore, en guise de réponse, l'homme traita la responsable d'IRA de "maudite petite esclave" et, joignant la parole à l'acte, se jeta sur elle  pour la rouer de coups obligeant la militante à se défendre.
            Quelques minutes après le départ des deux individus, les habitants du quartier furent surpris de voir Fatma trainée au Commissariat de police. C'est alors que les jeunes d'IRA ont décidé de se rendre au Commissariat pour exprimer leur soutien à leur camarade. Mais là aussi, ce fut la répression qui les accueillait, se soldant par des blessures subies par le militant Ehmednah Ould Ethmane. Le lendemain, avec une diligence inhabituelle pour l'Administration, le dossier fut transmis au Procureur qui décida de déférer Fatma à la prison et faire ainsi d'elle la première détenue politique d'IRA pour défense des victimes du racisme et de l'exclusion.
            Cet événement, nouveau dans sa forme, mais très courant dans son essence, est symptomatique des méthodes de ciblage par les esclavagistes maures visant à châtier les militants et militantes d'IRA pour le soutien que ces derniers apportent à la cause des damnés de la terre et victimes des agissements d'une poignée raciste de préfets, de gouverneurs et de commissaires de police décidés à précipiter le pays vers une guerre civile dont les prémices ont malheureusement commencer à poindre à l'horizon.
            Nous rappelons ici que le Président de la section d'IRA à Arafat, Monsieur Dah Ould Boushab, croupit, lui aussi, depuis plusieurs semaines en prison pour avoir apporté de l’aide à une pauvre dame qui fut dépossédée de son lopin de terre au profit d'une parente de l'un des Généraux maures. Aujourd'hui, il est rejoint en prison par son adjointe, Fatma Jemal, pour des raisons bien similaires.
            Les cas de ces deux militants d'IRA témoignent, si besoin en était, du calvaire qu'endurent les Hratine au sein des deux Moughataa de Arafat et Toujounine. Ils témoignent aussi du degré d'influence et de la mainmise des forces réactionnaires, obscurantistes et ségrégationnistes sur les rouages de l'Etat et leur capacité à détourner les moyens de l'Administration pour régler leurs comptes et défendre leurs intérêts. En effet, Fatma Jemal n'aurait jamais été inquiétée de la sorte si elle n'était responsable d'IRA.
            L'Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), tout en réfutant en bloc les accusations mensongères formulées à l’encontre de Madame Fatma Jemal, demande:
            1- que cette dernière soit relaxée sans retard ni conditions et dédommagée du préjudice moral et matériel qu'elle et sa famille ont subi à la suite de cette agression sauvage orchestrée par le Préfet et ses sbires;
            2- l'ouverture d'une enquête pour violation des droits de l'homme à Arafat et Toujounine plus particulièrement. Il est, en effet, clair que la cohabitation entre communautés, dans ces quartiers, est gravement menacée par le favoritisme systématique des autorités au profit d'une communauté particulière : lors de chaque litige, les gagnants sont toujours les mêmes et ce sont toujours les militants d'IRA qui se retrouvent en prison;
            3- l'intervention des organisations de défense des droits de l'homme et des institutions nationales et internationales pour protéger les citoyens noirs de Mauritanie contre le racisme d'Etat notamment au sein du "Port de l'Amitié", des "Bidonvilles", des "Marchés" et des "Zones tampons";
            4- à l'ensemble des organisations gouvernementales et non gouvernementales d'exprimer leur soutien aux deux prisonniers d'opinion que sont Fatma Jemal Mint Achour et Dah Ould Boushab.

            Le Bureau Exécutif                                                            Nouakchott le 08 février 2014

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