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dimanche 27 octobre 2013

Le mensonge des urnes

Le mensonge des urnes
En Mauritanie, le terme démocratie est tellement galvaudé que l’on en vient à se demander s’il a la même signification qu’ailleurs. La naissance du multipartisme en 1991 n’a hélas pas permis d’abolir la stérilité idéologique au sein de la classe politique. Elle n’a fait que conforter l’archaïsme politique, notamment à travers la reproduction des comportements anti-démocratiques.
La cacophonie liée à tenue des prochaines élections dévoile certaines réalités pendant longtemps niées. En effet, le contexte politique national découle -comme dans de nombreux pays africains-de l’héritage du parti unique, au sein duquel les idées du chef et ses orientations étaient dictées par l’ex-puissance coloniale et d’autres motivations individualistes. De cet état de fait, résulte l’émergence de courants nationalistes, dont les rapports sont souvent fondés sur une dialectique du rejet de l’autre.
L’Etat, au lieu de canaliser les luttes par sa neutralité, est devenu progressivement violent et coercitif vis-à-vis de certains citoyens. Les véritables luttes démocratiques ont été supplantées par des alliances tribales et l’apologie du régionalisme. La rupture, que devrait incarner la nouvelle génération, reste ainsi prisonnière de ce tiraillement hostile établi par le système en place. Les rares porteurs de changement sont maintenus dans les pièges tendus par l’armée qui orchestre tout pour se maintenir au pouvoir.
Pourquoi toutes les bonnes consciences s’émeuvent-elles d'apprendre la ratification du parti de l'Etat des pactes avec certaines tribus du Nord quand on sait même que la Mauritanie est un pays tribaliste, ethnique et régionaliste? N'est-ce pas là une sorte d’hypocrisie nationale? Et toutes les langues se délient pour traiter le parti radical pour l’action globale (Prag) de raciste. La contradiction nous envahit.
Tout le monde déclare que l'armée constitue la base arrière des idéologies tribales. Soit, mais a-t-on oublié que la France avait négocié en 1960 -et continue de négocier- avec une seule composante ethnique? Et cela avec des civils. Le saviez-vous, que selon les premiers officiers ayant usurpé le pouvoir, "il n'existe aucun civil (homme politique ou technocrate) capable de gouverner la Mauritanie" ? Pire encore, dites-vous qu’il s’agit-là d’une idéologie qui fait "école" dans les casernes militaires. Et, comme il faut se plier aux exigences des capitales occidentales, la grande muette impose de l'intérieur ses propres règles pour acquérir le vernis démocratique de circonstance. Tantôt elle fonde ses propres partis politiques en plaçant un homme de providence, tantôt elle met en avant ses idiots utiles. Le régime en place est l’illustration même de cette aberrante manipulation. Raison pour laquelle, tous les dix ans, un vieux cacique moustachu se plantera pour nous imposer son putsch. Impuissante, la classe politique s’est toujours démarquée par ses accointances avec le système. Comme le destin d’un parti politique c’est d’arriver au pouvoir, la plupart se limite à des maigres portefeuilles ministériels à travers des vrais-faux gouvernements d’unité nationale.
Mais on oublie souvent qu’en Mauritanie, les coups de force à répétition définissent la structure même de notre Etat depuis que les militaires se sont emparés des rênes du pouvoir. L’on ne vote que voter par pur conformisme cependant la démocratie reste une lueur.
Les autorités et les élus se préoccupent avant tout de leurs propres intérêts au lieu de garantir les droits fondamentaux et définir des véritables politiques publiques. On attend toujours le premier parlement qui entamera les réformes institutionnelles abrogeant le très discriminant découpage électoral pour provoquer une véritable représentativité démocratique. Sinon, la démocratie ne sera qu’une illusion et la majorité restera toujours du côté des dominants. Les lois et les urnes ne profiteront qu’à eux.
Bâ Sileye
Sileye87@gmail.com




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