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vendredi 19 juillet 2013

Un résumé sur l’esclavage par Delouyle



 Pour ce qui est de l’esclavage et du racisme en Mauritanie. Le texte de Monsieur Ba est le signe d’une souffrance réelle, une souffrance quotidiennement vécue par des milliers de Mauritaniens d’origine négro-africaine (de souche Harratins et d’autres ethnies).
Ce texte démontre la persistance, évidente, en Mauritanie, d’une forme de séparation, une sorte de mur culturel et sociétal entre les différentes ethnies qui composent ce pays auquel le colonisateur Français a donné le nom de Mauritanie, en souvenir de la Mauritanie antique qui couvrait l’actuelle Tunisie et l’Algérie orientale.
 
Figure 1 : Jeunes esclaves chaînes au cou et leur geôlier fusil sur l’épaule.

Les principales victimes de « cet apartheid » sont, incontestablement, les esclaves et les Harratins qui sont, depuis des siècles, réduits à des objets ou au mieux sont considérés comme des sous-hommes.
L’esclavage est la pire pratique, la plus criminelle, que l’homme ait inventée. Les écrits les plus anciens qui nous soient parvenus relatent l’existence de sociétés et même de civilisations essentiellement esclavagistes depuis la haute antiquité. Par exemple, le code de Haammurabi (1792 avant J. -C.) regroupait un ensemble de lois dont plusieurs portaient sur les esclaves en tant que biens ou « objets » qui pouvaient être vendus, cédés, reçus en héritage ou acquis en réparation d’une dette ou d’un crime.
La persistance de l’esclavage en Mauritanie tient essentiellement à deux facteurs. D’abord, à l’instar de tous les pays africains, il s’agit d’un pays très jeune qui n’est pas encore totalement sorti d’un mode de vie antique, dans un espace géographique dans lequel l’esclavage a probablement toujours existé. Il y a aussi le fait que cette situation particulière rend l’émancipation des individus (« maîtres » et « esclaves ») très lente.


Figure 2 : Jeunes esclaves cordes au cou et chaînes aux pieds et leur geôlier musulman, à gauche en retrait.

Par ailleurs, dans cette partie de l’Afrique, l’esclavage fut, pendant des siècles, l’objet d’un commerce des plus inhumains. Les Arabo-berbères de la Mauritanie actuelle y ont évidemment participé. Mais ils ne sont pas les seuls. Ce qui ne les excuse point ! Les négriers Bretons et les rois musulmans Mandingue et Toucouleur (qui ont été, à l’apogée de leurs pouvoirs, plus riches et plus puissants que n’importe quel émir arabo-berbère de la Mauritanie ancienne ou actuelle et même de toute l’Afrique du Nord) y ont joué un rôle de premier plan, durant toute la durée de cette tragédie. Les premiers ont convoyé des bateaux entiers remplis, à fond les cales, d’esclaves noirs vers les Amériques, les Antilles et les Caraïbes et les seconds en furent les principaux fournisseurs en Afrique de l’Ouest bien avant même la traite transatlantique.




Figure 3 : principales routes du commerce d’esclaves noirs au Moyen âge



Avant que l’homme Blanc ne pénètre en profondeur en Afrique de l’Ouest, un témoin incontournable, le premier Blanc a avoir parcouru une grande partie de cette Afrique, à pieds, René Caillé, est un témoin oculaire, qui rapporte, dans ses mémoires, le cas d’esclaves noirs vendus aux caravaniers maures par les rois de Ségou sur les marchés de Tombouctou et de Djenné pour être acheminés vers l’Afrique du Nord à travers le désert du Sahara. René Caillé décrit avec force détails les châtiments cruels que subissaient les malheureux esclaves par le chef de la caravane avec laquelle il voyageait vers le Maroc. Selon René Caillé, il s’agissait d’un homme de la tribu des Tajekant, la tribu de l’actuel Premier ministre de Mauritanie. Les esclaves étaient revendus par les caravaniers Maures sur le marché de Goulimine (alors frontière entre le monde maure et le monde berbère) en bordure du Sahara aux Berbères Marocains. Nul part ailleurs, en Mauritanie, René Caillé, qui a séjourné longtemps dans le Trarza (région qui regroupe le plus grand nombre de Harratins et d’esclaves en Mauritanie et qui est aussi la première à avoir noué des contacts avec les Européens), ne relate de faits semblables. René Caillé décrit cependant les mauvais traitements que subissaient des esclaves noirs, dans les campements Maures Trarza où il avait été accueilli pour apprendre l’arabe et quelques rudiments de l’Islam. Mais il n’évoque aucun cas de vente d’esclave ni aucun marché où étaient vendus des esclaves noirs. On peut donc penser que les pistes caravanières qui reliaient Tombouctou à Goulimine, Alger et le Caire ont acheminé, pendant des siècles, le plus grand nombre d’individus noirs victimes du commerce criminel, transsaharien, d’esclaves noirs.

Et il est évident que les razzias menées par les cavaliers arabo-berbères en Afrique noire ont contribué à cette pratique criminelle. Mais leur méfait reste très inférieur, par son ampleur, comparé à ce qui a été un commerce industriel d’esclaves entrepris par les négriers européens. Les nombreuses îles et pays, peuplées de populations noires issues de ce commerce infâme l’attestent mieux que tous les livres d’histoires sur ce sujet.
Mais que sont devenus les noirs vendus en esclaves dans « la traite transsaharienne » ? Beaucoup ont regagné l’Orient par le port de Tanger au Maroc et ceux des villes de Tunis, d’Alger, de Tripoli et le Caire qui feront, après le Moyen âge, partie de l’Empire Ottoman. Avec l’avènement de l’empire Ottoman la traite a continué, et la plupart des esclaves terminaient leur triste périple à Constantinople (Istanbul) avant d’être envoyés pour les travaux forcés dans tout l’empire Ottoman. Et on trouve encore, aujourd’hui, la trace, notamment en Irak où il existe une communauté de descendants d’esclaves africains qui subit les mêmes discriminations qui persistent en Mauritanie ou aux États-Unis d’Amérique et encore en France (qui sont pourtant de grandes démocraties où l’esclavage a été réellement aboli mais où les discriminations contre l’homme noir persistent):





La plupart des esclaves noirs venus d’Afrique de l’Ouest en Orient ont disparu, car il s’agissait selon toute vraisemblance d’une population essentiellement mâle et fort probablement « la castration était largement pratiquée pour éviter leur reproduction ». Cependant, une minorité d’esclaves noirs passés par le Maroc, à destination de l’Orient, y a fait souche. Les Gnawas, par exemple, en sont les descendants. D’autres ont été intégrés dans les armées et les cours des rois ou chefs religieux d’Afrique du Nord et d’Orient. Et on en trouve même des descendants qui sont princes en Arabie Saoudite, au Koweït et dans les Émirats Arabes-Unis.
Mais, partout où elle persiste encore, la discrimination contre les noirs, une discrimination qui n’est pas sans lien avec l’esclavage, relève plus aujourd’hui d’un problème sociétal que d’un problème de racisme pur, érigé en politique d’État ou édicté par une religion. 

Par exemple, la France et les États-Unis d’Amérique sont de grandes nations qui ont connu des révolutions, qui ont lutté pour la liberté de leurs citoyens, qui ont proclamé et qui défendent de grands principes, qui ont abrité et qui abritent, depuis des siècles, de grands philosophes, écrivains et intellectuels humanistes, antiesclavagistes, antiracistes qui se sont élevés contre toutes les formes de xénophobie et de racisme. Mais les discriminations, en particulier, contre la personne noire y sont encore et toujours criantes. Pourtant ni la France ni les États-Unis d’Amérique ne sont des États racistes. Mais au contraire de la Mauritanie, les pouvoirs y reconnaissent l’existence de ces discriminations, punissables par ailleurs par les lois de ces grandes nations, mais toujours persistantes, notamment dans l’accès aux hautes fonctions, autant dans les institutions publiques que privées.


Figure 4 : châtiment public d’un esclave en Amérique du Nord

Et pour abolir l’esclave, les États-Unis d’Amérique ont connu une guerre civile qui a été aussi la guerre la plus meurtrière, en ce qui les concerne, en vies humaines (plus que chacune des deux guerres mondiales, plus que la guerre du Vietnam) ! Mais les séquelles de l’esclavage sont encore bien visibles dans cette grande démocratie.
« Je suis noir et je n’aime pas le manioc », crie aux Français un Camerounais « naturalisé français », qui aspire ainsi à être reconnu comme français à part entière.
 
Figure 5 : un négrier sciant à bord les fers d’un esclave


Figure 6 : esclaves en attente de départ aux Amériques avec leurs geôliers musulmans

Comme s’il suffisait d’opposer sa « négritude » à cette plante nourricière originaire des Amériques et largement consommée en Afrique noire pour devenir Français à part entière ! Non, Monsieur, hélas, cela ne marche pas ainsi ! Pour lutter contre toutes les formes de discriminations il faut être plus sérieux. Il s’agit là d’un effort, qui doit être universel, collectif et continu. Et certainement un effort de longue haleine :

http://societieswithoutborders.files.wordpress.com/2011/12/parker2011final.pdf

La Mauritanie quant à elle est très insignifiante. Elle sort à peine de l’antiquité. Hier encore, il y a moins d’un siècle, on y vivait partout sous la tente, comme aux temps bibliques d’Abraham, avec comme seuls biens son troupeau de chèvres, de moutons, de dromadaires ou de vaches et quelques palmiers et hélas ses esclaves noirs avec leurs petites tentes d’esclaves, faites de milles et une pièces de chiffons rapiécées, dressées devant les pavillons imposants, en laine de moutons noirs, de leurs maîtres et qui ne choquaient même pas le colonisateur français lorsqu’il venait prélever l’impôt chez les indigènes !
Et, la Mauritanie n’a jamais compté, dans sa petite histoire, un seul philosophe, ni aucun écrivain, aucun Voltaire, aucun Zola, digne de cette appellation pour s’élever contre cette pratique abominable.


Figure 7 : Un panneau publicitaire annonçant l’arrivage prochain d’un négrier chargé de 250 esclaves (en bonne santé)

Le racisme existe bel et bien en Mauritanie et il y est porté par des extrémistes de tous bords, aussi bien Beïdanes que Négro-africains. Et il y est même enraciné bien avant que la Mauritanie ait vu le jour, le 28 novembre 1960. Et ce racisme tire sa source exclusivement de l’esclavage. Des rois noirs musulmans avaient eu dans leurs harems des épouses mauresques. Et un émir maure avait eu comme épouse une princesse noire dont les descendants sont reconnaissables en Mauritanie par la couleur noire de leur peau. Tous ces émirs maures et tous les rois noirs d’Afrique de l’Ouest, Toucouleur ou Mandingues notamment, musulmans ou animistes ont été tous esclavagistes ! Et les victimes en sont et ont été massivement et exclusivement noires !
Hélas, l’esclavage en Mauritanie n’est pas seulement une pratique qui n’existe que dans la communauté mauresque. Dans la région du fleuve, dans le Gorgol, dans le Guidimaka et dans l’Assaba où Deyloule a vécu jusqu’à l’âge de 16 ans, il existe aussi des descendants d’esclaves noirs, aux noms de famille bien identifiés, ayant été réduits à la servitude par leurs frères noirs et qui subissent eux aussi cette discrimination.


Figure 8 : la traite transatlantique (et ses chiffres tragiques)

L’esclavage en Mauritanie est un fléau national.

Enfin, ce n’est pas en affirmant que telle ou telle communauté est minoritaire (ce du reste aucune statistique fiable ne confirme qui contredirait les écrits du colonisateur qui a nommé ce pays aussi celui des Beïdanes qui en comptait près d’un million à l’indépendance) que l’on va résoudre le problème de l’esclavage et du racisme en Mauritanie. Dresser, par ce biais, les communautés les unes contres les autres ne va jamais résoudre ces problèmes sociétaux qui concernent le destin de groupes humains devenus, par le hasard des choses, citoyens d’une même nation en devenir.
La diversité du peuple mauritanien constitue, sans aucun doute, sa principale richesse. Il faut sauver cette diversité. Mais il est à craindre que le chemin soit long et semé d’embûches étant donné la médiocrité des militaires qui gouvernent le pays depuis 1978.

Pour ce qui est des langues et de l’hymne nationaux. Parlons-en. Le breton, le castillan, le basque, le poitevin, les créoles, le catalan, le languedocien, l’alsacien, le corse, le tahitien, l’occitan, le français, etc. sont les langues parlées et écrites en France. Et si certaines sont reconnues localement, une et une seule, le Français, est la langue officielle du pays. Et quelques-unes, comme par exemple les langues amérindiennes de Guyane, sont même en voie, très avancée, d’extinction. Et l’on constate que la Marseillaise n’est pas déclinée dans toutes ces langues pour la bonne raison qu’elle a été écrite par Rouget de L’Isle en Français. Il convient donc, pour des raisons de bon sens, d’opter pour une et une seule langue officielle, ne serait-ce que pour éviter la cacophonie. Faut-il choisir le Français, l’Arabe ou une autre langue ? Cette question a été tranchée par la première constitution de la Mauritanie, dès son indépendance. Mais une constitution peut être modifiée, de préférence démocratiquement. En revanche, il est inadmissible, qu’en Mauritanie, toutes les langues nationales n’aient pas leur place dans l’espace médiatique et culturel. Du temps de Moktar Ould Daddah et même après le coup d’état du 10 juillet 1978, le journal radiodiffusé était décliné dans les principales langues nationales : français, arabe, halpoular, soninké. Chacun doit être libre d’avoir sa radio ou sa télévision privée dans sa langue maternelle.

Pour ce qui est du nom de l’équipe nationale de foot-ball de Mauritanie. C’est un grand honneur pour cette équipe de s’appeler « Al-Murabittin ». En effet, dans les armées Almoravides, les soldats noirs étaient très nombreux. La garde personnelle de Youssouf Ibn Tachefin comptait pas moins de 7000 hommes noirs. Donc s’il y est un élément de l’histoire susceptible d’être fédérateurs des Mauritaniens c’est bien cette appellation. Sauf que les Almoravides avaient gagné des batailles décisives. La première fut contre le roi de L éon et de Castille, Alphonse VI et ses alliés Francs aux portes de Saragosse. Les archers et fantassins noirs armées de lances y avaient joué un rôle de premier plan. Malheureusement, il est vrai que l’équipe football mauritanienne n’a jamais, quant à elle, gagné aucun trophée !
En conclusion. Le premier mal que les Mauritaniens devront combattre c’est l’ignorance. Les Harratins et les esclaves ne s’émanciperont que par eux-mêmes. Il revient à leur leaders de collecter des savoirs et des fonds, de par le monde, pour bâtir leurs propres écoles, inventer leur propre destin, s’émanciper et ainsi damer le pion à tous les descendants de ceux qui avaient réduits en esclaves leurs ancêtres. Car en effet, la liberté ne se donne pas. Elle s’acquiert, soit par les armes soit par le savoir. Deyloule est partisan, tant que faire se peut, de la deuxième méthode qui doit de toute façon primer sur la première et nécessairement la précéder. Et bien sûr si cela n’est pas possible pacifiquement, il y aura des révoltes et des révolutions sanglantes. C’est inévitable ! 

Monsieur Obama, un métis, né d’un noir africain, Kenyan, dont les ancêtres n’avaient jamais posé le pied aux États-Unis d’Amérique et d’une blanche américaine du Kansas, de souche irlandaise, n’a pas gagné deux élections présidentielles successives, dans ce qu’est la première puissance économique et militaire du monde, parce qu’il est noir ou parce qu’il est soutenu par l’un des deux plus puissants partis politiques des États-Unis d’Amérique, mais essentiellement et d’abord par son intelligence supérieure. Une intelligence qui crève les yeux ! Il suffit d’entendre l’homme parlait devant la foule lors de la proclamation de sa première victoire contre son adversaire républicain, le quatre novembre 2008. Quelle facilté ! Quel brio ! Quelle force morale et intellectuelle ! Son intelligence a fait de lui l'un des plus brillants étudiants de la très prestigieuse université de Harvard ! Un de ses professeurs, une femme, dit à son père dont elle avait hérité la chaire, la plus prestigieuse de cette université, qu’Obama est le plus brillant étudiant qu’elle ait jamais eu ! Mais le président Obama s’est aussi avéré être un très grand homme politique, à l’instar des plus grands présidents des États-Unis d’Amérique. Monsieur Obama est et demeurera un modèle à suivre pour toutes les classes opprimées, où qu’elles se trouvent, dans l’univers habité par l’homme :

http://www.youtube.com/watch?v=3K8GWCl7P7U.

Source : Deyloule-Mail : Deyloule@yahoo.fr

2 commentaires:

  1. Bonjour.
    la Figure 4 : châtiment public d’un esclave en Amérique du Nord, a été prise dans le Delaware dans les années 1920, donc ce n'est pas un esclave !

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  2. Oui, il s'agit d'un tableau de 1920 qui reproduit des faits qui ont existé !

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