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vendredi 12 juillet 2013

L’éditorial de La Nouvelle Expression : L’étincelle de Kaédi




Kaédi. Pour « une posture commerciale » la ville a tremblé au rythme de la vindicte populaire. Une vindicte qui s’explique par la mauvaise gestion des autorités d’une banale histoire de gifle « inadéquate ». Les populations ont encore décrié la partialité des autorités dans le traitement de leurs affaires quotidiennes. Résultat : une colère d’une expression dangereuse a affecté Kaédi.

La cohésion entachée. L’entente mise à rude épreuve. On a crié vendetta par réaction à un geste puni par les lois et notre quotidien de peuple d’une société civilisée. Ce qui s’est passé à Kaédi, nous renseigne, si besoin était, de la fragilité des règles du vivre ensemble dans ce pays.
Vivre ensemble des citoyens dans leur pays, égaux en droits et en devoirs. Un pays chancelant qui a perdu tous ses repères. Un pays « planté » qui fait peur, sans que nos gouvernants ne saisissent l’ampleur de la flétrissure du devenir de la Mauritanie.
La tournure des événements de Kaédi nous démontre le degré de la fracture dans notre société. La société des communautés peuplant la Mauritanie. Cette Mauritanie qui nous a tout donné et qu’on veut continuellement tirer vers le bas. Et une fois encore de la plus dangereuse des manières.
Et pourtant, est-il encore besoin de le rappeler, personne n’a intérêt à souffler sur les brindilles de ce feu qui couve.
Kaédi nous a surpris. D’autres villes et villages peuvent aussi nous surprendre. Surprendre par le comment du bourgeonnement de la mauvaise semence, notre mauvaise semence. Par notre incivisme ou notre « moutonisation » par les différents régimes, nous avons semé la haine, le mépris dans la culture de la méconnaissance de l’autre et du rejet entre nos communautés. Aujourd’hui , la mauvaise herbe née de cette mauvaise culture a donné ses mauvais fruits : la frustration et la colère populaire.
Ce qui est du reste prévisible, notre élite sous les ordres de l’uniforme ou du kaki ayant démissionné en hypothéquant le devenir du pays soumis à l’ostracisme, la division et l’inégalité, les armes imbéciles utilisées par nos gouvernants pour se maintenir au pouvoir. Et en face, un peuple abêti pensant trouver le salut dans le comportement propre aux béni-oui-oui.
Avec Kaédi, le désaveu des autorités dans la gestion des conflits bénins entre les citoyens est cinglant.
Cette région de la Vallée a ses blessures et les autorités devraient le comprendre pour anticiper sur le prolongement des gestes et faits de certains de nos citoyens. Avec, en tête, de gérer sans complaisance ni parti pris les desiderata des gouvernés...
Que Dieu nous garde de l’irréparable ; qu’Il garde la Mauritanie, en cette période de misère et de vache maigre, de l’incertitude des lendemains.
L’incident du village de Diawara qui a engendré les événements 1989 est encore vivace dans les mémoires ; qu’on ne vienne pas encore nous en créer d’autres.
L’espoir est qu’avec Kaédi la sagesse prévaudra.
Qu’à Kaédi la justice triomphera.
Que « Kaédi » sonnera le véritable départ d’une justice verticale pour une cohésion sociale déjà assez écorchée comme ça.
Mais Kaédi nous rappellera que jamais nous n’avons été aussi fragiles, le manque de vision et d’anticipation des pouvoirs publics dans la gestion de notre quotidien étant passé par là.
Que le commerçant s’excuse auprès de celle qui pourrait être sa maman. Et que cette dernière accepte de pardonner, pour la Mauritanie.
Et que l’excès ou abus des forces de l’ordre soit puni.
Camara Seydi Moussa

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