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jeudi 13 juin 2013

Allocution du Dr Ahmed Ammou ould Moustapha, au nom d’ IRA-France à la conférence-débat organisée à l’Assemblée Nationale Française sous le thème de l’esclavage en Mauritanie (mercredi, 12juin 2013).





Allocution du Dr Ahmed Ammou ould Moustapha, au nom d’ IRA-France à la conférence-débat organisée à l’Assemblée Nationale Française sous le thème de l’esclavage en Mauritanie (mercredi, 12juin 2013).

Monsieur le Député, cher Jean-François,
 Mesdames Messieurs les invités, camarades et amis
                Ce n'est pas sans une certaine émotion que nous sommes réunis sous ce toit. Dans cette illustre Maison de l'Assemblée Nationale française qui a vu s'élaborer des textes fondateurs. Des textes abolissant l'esclavage, il y a de cela presque deux siècles. Mais aussi des textes plus récents instaurant une journée de commémoration de l'abolition de cette abomination. Ici, l'esclavage est du domaine de la mémoire. Il convient de ne pas oublier qu'il eut existé. En Mauritanie, Monsieur le Député, un système militaro-féodal implacable, habillé de vieux oripeaux d'une démocratie théâtrale et grotesque laisse des homme soumette d'autres êtres humains et les maintenir dans la servitude la plus abjecte dans l'indifférence totale de la conscience des hommes comme si le progrès  des idées de  l'Humanité s'est arrêté  net depuis des siècles en Mauritanie et s'est enkysté dans une coque qui le rend imperméable aux changements.
  L’esclavage est le lot quotidien d'une part importante de la population. On les appelle les Hratine, esclaves et anciens esclaves. Certes, ils ne sont pas enchaînés deux par deux. Ils ne s'échinent pas à longueur de journée dans des champs de canne à sucre . Mais il y'en a qui naissent esclaves parce que leur mère ou père sont esclaves. Certains travaillent toute leur vie au service d'autre sans contrepartie. Certains se voient déshérité par un prétendu maître de leurs ascendants. Notre organisation a débusqué plusieurs cas de ce type. La police  a même arrêté quelques coupables de pratique esclavagistes quand les militants d'IRA lui avaient fait comprendre qu'il ne pouvait en être autrement. il est vrai qu'elle les a vite relâchés.
                Vous l'aurez compris, Monsieur le  Député, Mesdames et Messieurs les invités, il y a des lois qui répriment l'esclavage en Mauritanie. Il y en a eu même plusieurs dans l'histoire du pays. La plus récente porte un titre qui souligne, à lui tout seul, l'anachronisme qui caractérise les mentalités de mes concitoyens: "loi N° 2007-048 du 3 septembre 2007 portant criminalisation de l'esclavage et réprimant pratiques esclavagistes". L'esclavage est donc qualifié de crime en Mauritanie depuis 2007. Il est vrai qu'en 1981, une autre loi l'avait aboli mais elle prévoyait l'indemnisation des maîtres d'esclaves, avant cette date en Mauritanie, posséder un être humain, le vendre, en totalité ou en partie pour une ou plusieurs personnes qui peuvent se partager son service, vendre sa force  physique à une personne et ses attributs sexuels si c'est une femme à une autre ou les garder pour soi, le vendre, parfois à la naissance et attendre le sevrage pour le remettre à ses nouveaux maîtres qui peuvent être à des milliers de kilomètres de ses parents, le  donner, le céder, l'astreindre  aux violences physiques, à l'exploitation sexuelle, travaux forcés, dangereux et/ou dégradants , le priver de l'éducation du droit au mariage, au voyage, exercer sur lui des châtiments ou des mutilations  et souvent en présence des autres membres de sa famille, toutes ces pratiques étaient  totalement légales  avant 1981. C'est vous dire le progrès accompli. Mais aussi récente que soit la reconnaissance par l'Etat mauritanien du caractère criminel de l'esclavage, une loi existe désormais et elle est promulguée. Notre organisation, IRA, ne demande que son application. Toute son application. A tout un chacun et pour tous. Faire appliquer la loi, c'est l'une des missions de l'Etat. En Mauritanie l'Etat rechigne à s'acquitter de son devoir. Il rechigne à appliquer cette loi. Parce qu'elle remet en cause le système sur le quel il repose.
                Les militants d'IRA ont payé de leurs corps et de leur liberté l'exigence d'appliquer la loi. Ils sont entrés dans des commissariats pour exiger que la police instruise des affaires qu'ils lui apportent. Comme le prévoit la loi. Ils ont organisé des meetings, des sit in, des "caravanes des esclaves"  pour la liberté. Ils ont été réprimés, calomniés et jetés en pâture à la vindicte populaire.
Notre Président, plusieurs de nos dirigeants et de nos militants ont croupi en prison pour avoir dénoncé ces pratiques ignominieuses et pour avoir voulu jeter le faux masque de la religion sur cette pratique d'un autre âge.
L'état mauritanien nargue le droit international et se joue des organismes et des partenaires internationaux en édictant de plus en plus de lois modernes contre l'esclavage et en ratifiant les conventions internationales de promotion et de protection des droits humains mais, parallèlement, en sourdine, l'Etat continue à promouvoir les anciennes références, tirées de manuels d'exégèses esclavagistes qui partagent les musulmans en deux catégories: maîtres et esclaves et qui stipulent que l'esclave est un bien matériel pour son maître et il peut en disposer à sa guise sans aucune restriction.
C'est l'autodafé symbolique de l'un de ces livres qui a valu au Président Biram un séjour de quelques mois dans les geôles mauritaniennes sans aucun procès ni de qualification des faits qui lui sont reprochés  avec une campagne de diabolisation sans précèdent par les autorités mauritaniennes  avec la complicité malveillante des Oulémas salariés.
Mais cet acte courageux a réveillé les consciences et a permis d'ouvrir le débat sur les fondements de jurisprudence musulmane de l'esclavage, qui sont en fait inexistants mais qui sont le fruit d'une interprétation erronée à la carte des  exégètes  qui ont tordu le cou au texte religieux pour satisfaire aux  désirs aux pulsions sexuelles et aux besoins en main d'oeuvre et en domestiques des rois, des émirs et des notables musulmans, le problèmes est que nos Oulémas récitent ces textes et continuent à les appliquer et toute remise en cause de ces manuels équivaut à ces Ouléma de revenir aux bancs de l'école pour apprendre autre chose puisqu'ils ne savent rien d'autre que ces livres esclavagistes, chose qu'ils n'accepteront pas par fainéantise et par orgueil pour cela ils tirent à boulets rouge sur Biram.
  Mais  à la fin tout le monde s'accorde à dire que c'est Biram qui avait raison mais son crime c'est qu'il a eu raison avant les autres et surtout par son acte il sape le fondement juridique de cette pratique hideuse  que beaucoup, malheureusement , s'en accommodent en Mauritanie.
Le combat de l'IRA commence à porter ses fruits, la reconnaissance internationale de la pertinence du combat de l'IRA incarné par son président  vient de se  concrétiser par l'attribution du prix Frontline defenders  remis des mains du premier ministre irlandais et dont je félicite le Président Biram ici présent, d'autres prix viendront, j'en suis persuadé, couronner le combat juste sincère et efficace de notre organisation,   les esclavagistes prennent peur et déploient  des trésors d'ingéniosité  pour cacher leur forfaiture en falsifiant des contrats de travail bidons, des pièces d'état civil en fabricant  des  témoignages parfois rémunérés, parfois obtenus sous la contrainte avec la complicité des autorités du pays, le gouvernement feint d'instruire les affaires d'esclavage quand il se trouve acculé par les militants de notre organisation.
                La loi portant criminalisation de l'esclavage commence à être timidement appliquée. Pas partout, pas par tous  ni contre tous. Mais c'est un début. C'est un début d'application d'une loi obtenue par l'action d'une organisation qui opère hors la loi. Monsieur le Député, Messieurs les représentants du Ministères des Affaires étrangères françaises, vous avez devant vous, vous avez accueilli et honoré le président et les responsables d'une organisation mauritanienne hors la loi! Une organisation hors la loi qui s'est assigné comme objectif de faire appliquer la loi. Depuis octobre 2008, IRA opère en dehors du cadre juridique mauritanien, a son corps défendant. Ce n'est pourtant pas faute de constituer un dossier de demande de légalisation. A chaque fois c'est le refus catégorique.
                Notre demande première et que nous n'avons eu de cesse de réitérer est d'avoir notre titre de reconnaissance en tant qu' ONG de la société civile mauritanienne.
                Mais le travail pour faire progresser les mentalités  dans une société croulant sous le poids des conservatismes de tous genres nécessite de déborder du cadre strictement de défense des droits de l'homme et aller sur le terrain politique au sens traditionnel du terme. Un  groupe de militants émanant de notre organisation a décidé de créer un parti politique. Ils l'on appelé "RAG" pour Parti Radical pour une Action Global. Là aussi c'est la légalité que nous visons et que nous voulons utiliser le plus pacifiquement du monde pour faire avancer notre cause. Mais là aussi, nous nous heurtons au murs de l'Administration. Nous attendons toujours notre autorisation. Nous sommes, pourtant décidés à investir toutes les tribunes qu'offre la vie politique mauritanienne. Nous mènerons nos listes sous nos propres couleurs, briguerons tous les mandats et œuvrerons pour avoir, dès les échéances prochaines, un groupe parlementaire en propre.
                IRA veut l'application de la loi 2007-0048. Toute la loi, à tous et par tous. Mais nous voulons aussi qu'une nouvelle loi soit adoptée. Une loi qui aura pour objectif de régler la question de la propriété foncière et agricole. Une réforme agraire juste, durable et équitable.
                Les Hratine sont courageux, travailleurs et endurants. Ce sont eux qui constituent les forces vives et motrices  de la société. IRA considère que les Hratine ont suffisamment longtemps travaillé pour les autres. Nous estimons qu'ils ont le droit, maintenant, de travailler pour eux mêmes. Mais la plupart des Hratine sont des cultivateurs, dans les oasis, dans les cuvettes et les dépressions cultivables. Ils sont aussi dans les bétails des maîtres. Les Hratine méritent et réclament d'avoir des terres à eux, avec titre foncier inaliénable et possibilité de le léguer à leur descendance. Vous voyez ce sont des revendications simples. Etre et avoir. Mais ce qui semble banal et naturel sous ce toit peut s'apparenter à la provocation en Mauritanie. Mais IRA a décidé de mener cette provocation. Désormais, elle accompagnera les esclaves et anciens esclaves dans leur combat pour la propriété de la terre. Jusqu'à la dissolution de la saisine collective de la terre et la distribution, à leur profit, de terres arables de qualité en quantité.
                Evidemment qu'IRA sera vigilante pour qu'une telle réforme ne soit un moyen oblique qu'utiliseront certains hommes d'affaire pour mettre la main sur les meilleures terres. L'Etat doit avoir une politique de ségrégation positive dans ce domaine.
                Le combat autour de la question de la propriété de la terre sera autrement plus rude et violent que celui pour l'application de la loi criminalisant l'esclavage. Pour une première raison qui est qu'il n'y a pas encore de loi. Pas de cadre juridique opposable. Les féodalités vont se réveiller et actionner tous leurs ressorts au sein de l'Administration et jusqu'au plus haut niveau de l'Etat.
La lutte contre l'esclavage étant un combat universel, notre organisation est ouverte à tout le monde et compte dans ses rangs, en Mauritanie des esclaves, des anciens esclaves mais aussi des hommes et des femmes de bonne volonté d'autres conditions sociales, qui ont décidé de s'associer à corps  perdu avec leurs frères victimes depuis des siècles de cette pratique ignoble en s'affranchissant du sentiment de culpabilité, résultat de pratiques indignes dont ont pu se rendre coupables leurs parents en les dénonçant justement et en demandant réhabilitation et réparation pour les victimes. Nous comptons dans nos rangs des femmes et des hommes de toutes nationalités et de toute catégorie sociale( des  avocats, des médecins, des hommes d'affaires des hommes politiques des activistes des droits de l'homme cet...) partout dans le monde, en Europe au Moyen Orient, en Afrique et en Amérique.
Notre organisation manque de tout.  Ses moyens, très indigents, proviennent surtout des cotisations de nos adhérents qui sont, hélas, ceux parmi la population mauritanienne qui, de par leur naissance, sont dans le dénuement le plus total ce qui plombe nos activités qui reçoivent pourtant un engouement sans précédent des populations cibles
                Nous auront besoin de votre aide et soutien dans cette future épreuve aussi. Comme nous avons eu à l'éprouver dans les mois qui viennent de s'écouler.
Au nom d'IRA-France, je vous remercie.





Au nom d'IRA-France, je vous remercie.

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