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lundi 20 mai 2013

Coup d'Etat en Mauritanie: crime ou bénédiction?



 



C'est exactement la « politique »  de Gribouille qui se jette dans le marigot avant d'être mouillé par la pluie. La criminalisation des coups d'Etat votée par la majorité, à l'instar de celle de l'esclavage comme si ces deux mamelles avaient la même dimension éthique, n’est que l'arbre qui voudrait cacher la forêt. Car l'Armée mauritanienne a fomenté son premier coup d'Etat lorsque le général-président Ould Abdel Aziz finissait à peine sa formation de base à Meknès, en  Juillet 1978. Depuis 1978 des officiers ont exercé le pouvoir pris par la force, qui pour des  raisons « compréhensibles »,qui pour des raisons farfelues assimilables à une rébellion selon les propres termes du colonel Ely Ould Mohamed Vall ancien chef de l'Etat. La parenthèse Sidi Ould Cheikh Abdallahi, suite à l'élection présidentielle de 2007 a eu la courte prétention de vouloir jouer l'exception à la règle. Mais la nature propre à une catégorie de militaires mauritaniens, asymptomatique d'un mépris hégémonique à l'égard de ses concitoyens, est revenue très vite  au galop. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est inimaginable de décider aussitôt de la sénescence  des coups d'Etat alors que la mode datant d’un certain 10 Juillet 1978, n'a pas encore  entamé sa phase de maturité. Force est de constater que  les lois criminalisant la pratique esclavagiste, votées par le parlement pourtant à majorité UPR, n'ont jamais été respectées surtout par la justice mauritanienne qu'on sait inféodée à l'exécutif. Pourquoi n'en sera-t-il pas de même pour la loi criminalisant les putschs? .Le raisonnement par analogie peut être souvent déductif ce qui  laisse ouverte une fenêtre de tir à la récidive au grand dam du maitre du palais ocre dont le palmarès aiguise tant de jalousie auprès de certains de  ses frères d'Armes. Nanti d'un « master2 » en coups fourrés (le 1er obtenu en 2005 et le second en 2008) dans la prestigieuse  faculté du «  droit à la différence » de Letfotar au Tagant, notre général par ses agissements mafieux est désormais dans l'œil du cyclone .C'est à se demander pourquoi le docteur AZIZ voudrait priver notre vaillante Armée du chemin le plus court pour engranger la gloriole, le pactole et les paillettes? Après deux trahirons à l'égard de ceux qui l'ont adopté, choyé, AZIZ le téméraire, l'impérieux, a-t-il peur d'être bouté à son tour? Les conditions propices à un coup d'Etat actuellement en Mauritanie sont-elles reunies? Pourquoi les officiers mauritaniens sont-ils champions en la matière, agissant au moment où on les attend le moins, même surveillés de très près comme du lait sur le feu?

 Nous tenterons de façon objective de répondre à ces questions qui pour certains sont inappropriées. Mais pour d'autres, sont plutôt fondamentales et méritent une attention cardinale, parce qu'elles  constituent un pan, soit-il nauséabond de notre patrimoine. Nous savons comment Ould Haidalla a pris le pouvoir en Janvier 1980, comment il a été destitué par « le mouton de panurge » Maawiya auquel on ne prêtait aucune velléité ambitieuse car effacé et fidèle parmi les fidèles. Nous attestons également comment Maawiya a été renversé par ses proches qui s'occupaient de sa sécurité et de celle de sa famille. En Mauritanie quand un subordonné vous sert plus de quatre ans, rien ne l'empêchera de vouloir rouler pour lui-même. Car, l'appétit venant en mangeant, notre futur putschiste voudrait, au lieu du lait seulement, aussi l'argent du lait. Cette révolution à la Mauritanienne où le serpent se mord à chaque fois la queue a commencé après les 3 ans de la guerre du Sahara. Maitre Moktar Ould Daddah croyant  parer à la « balkanisation » dans la partie septentrionale de l'Afrique a voulu auparavant récupérer une partie du Sahara occidental. De facto, il bafouait aussi un autre credo qu'est l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Un piège inévitable conçu depuis la conférence de Berlin et qui est à l'origine du partage de l'Afrique en 1885 entre les puissances Européennes de l'époque. Toujours est-il que la Mauritanie, exsangue à cause des assauts répétés du polisario soutenu par l'Algerie, et subissant l'effort de guerre, prit un autre destin :celui des coups d'Etat .Il parait que les coups d'Etat constituent dans certains cas un mal nécessaire, souvent incontournable quand la visible en politique manque de repères et que  la bonne gouvernance fasse défaut. Nous évoquerons justement la gouvernance de trois officiers; Mohamed Khouna Ould Haidallah, Maawiya Ould Sid'Ahmed Taya et Mohamed Ould Abdel Aziz dont les pouvoirs respectifs ont laissé et laissent de nos jours des boursouflures sur le débonnaire tissu socio-économique des mauritaniens, toutes tendances confondues.

 Khouna Ould Haidalla

 St-cyrien, candide aimant la nature, en bédouin iconoclaste, cet officier croyait d'après ceux qui l'ont approché, à tout ce qu'on lui colportait. Or un chef qui fait l'amalgame entre une information diffamatoire et un renseignement authentique, digne de foi donc bénéfique à la nation, ne peut jamais être ni équitable ni compétent. Ceux qui vous colportent des ragots vous retourneront à leur profit, vous transformeront en despote.  Les fameuses Structures d'Education des Masses(SEM) n'étaient en fait qu'un chapelet de komsomols à défaut d'un parti communiste-léniniste où mon ami le capitaine Breika Mbarek avait l'habitude de s'exercer au Stakhanovisme politique. Haidalla qui n'était pas préparé pour l'exercice du pouvoir et comme si on l'y avait contraint avait commencé à jouer les Pol Pot dès le début de son règne en affichant un culte de la personnalité jamais érigé auparavant en Mauritanie post-indépendance. Un ancien ministre m'a confirmé  lors d'un de leurs conseils hebdomadaires les propos désobligeants tenus par son homologue qui disait au président Haidalla:  « Mr le président même si vous me dites d'égorger une de mes filles pour vous satisfaire je le ferais ». Pour mieux raffermir sa mainmise sur la société, Haidalla n'a trouvé d'autres alibis que de procéder à ce qu'on appelait communément « opérations coups de poings » ou visites inopinées. C'est ainsi qu'en 1981,alors jeune sous-lieutenant à Kaédi, le capitaine Niang Harouna commandant le secteur, m'ordonna de préparer trois véhicules « land-rover » avec à bord de chaque un chef et un conducteur, tous armés. Ma mission était d'aller en toute discrétion jusqu’à Sélibabi dans le Guidimakha, camper aux environs de la ville une fois  la nuit tombée. Le matin avant le lever de soleil, nous devrions être à l'aéroport de la ville et attendre les instructions. Vers 7 heures, nous fûmes aborder par une « land-rover » civile .Un des soldats ancien de la guerre du Sahara reconnaitra le cne Moulaye Hachem du commissariat à l'aide alimentaire, un proche de Haidalla. J'étais perplexe  car les consignes étaient d'éviter tout contact. Avant même de penser comment me comporter avec Moulaye Hachem, un skyvan de la Dirair se posait sur la piste d'atterrissage. C'est ainsi que j'ai été  pris de panique d'abord en voyant descendre tout le « gotha »  politique Nouakchottois à savoir: le président Haidalla, feux les colonels Sidiné Ould Sidiya, Dieng Oumar Harouna, ensuite Diop Abdoulaye, Jebril Ould Abdallahi alias Cymper, Baham Ould Mohamed Laghdaf etc. Je rendis les honneurs avec les cinq soldats en ma compagnie à peine Haidalla à mon niveau, d’ailleurs, j’avoue un peu être dépassé par ce spectacle inattendu. Il en sera sûrement de même pour le Wali et le préfet. Il parait que je m'en suis passablement  sorti car du temps de Haidalla des colonels face à  lui perdaient leurs facultés mentales. Plus de 15 ans plus tard l'ancien ministre et ancien president de la cour suprême Mr Mahfoudh Ould Lemrabott, décédé récemment (que la terre lui soit légère) me racontait avec son humour habituel l'attitude dérisoire d'un grand colonel dans son somptueux bureau. Ce colonel appelé par Haidalla au téléphone, se mit spontanément  au garde à vous  pour répondre ignorant à l'occasion la présence de Mahfoudh tellement il avait la frousse. Il recevait des instructions tout en répétant mécaniquement : reçu mon colonel, à vos ordres Mr le président à plusieurs reprises! Après avoir repris ses esprits le colonel dit à son visiteur: Mahfoudh;  « tu n'as rien vu ». Pour revenir à la visite inopinée, Moulaye Hachem prit à bord de son véhicule Haidalla ,en toute vitesse direction la Wilaya de Selibabi. J'ai embarqué avec moi Sidiné et Baham pour aller  « dire bonjour » aux collégiens de la ville hébétés de voir des ministres venant de Nouakchott leur rendre visite, tôt le matin. Et pour ne pas monter dans la caisse de la land-rover avec les journalistes, j'ai dû prendre le volant moi-même, à peine sorti de l'EMIA ma conduite peu confirmée. En somme cette visite n'a abouti qu'à une réunion avec la population où Haidalla proféra des menaces contre les « fauteurs en eau trouble » dans une contrée où l'eau cette fois limpide, incolore  manque encore de nos jours. De 1980 à 1984, en dehors de la restriction des libertés il n'y a rien à mettre de probant sur le compte des années Haidalla. Son strict alignement sur Alger a poussé Paris à lui trouver un remplaçant le 12-12-1984.Ce qui est étonnant chez les dictateurs, une fois déchu, ils perdent leur arrogance et deviennent à leur tour malléable. J'ai croisé par hasard  Ould Haidalla à deux reprises à la présidence lorsqu'il voulait rencontrer une première  fois le colonel AZIZ, cdt le Basep, une deuxième fois, le général AZIZ chef d'Etat-major particulier de Sidioca. A chaque fois Haidalla était assis en salle d'attente et AZIZ faisait passer avant lui des gens de moindre « importance » pour le pays comme moi, ou le colonel Cheikh Ould Bayé. Tantôt c'était le colonel N'diaga Dieng que je ne connais pas et qui bavardait avec l'adjudant-chef N'Diaye Souleymane, ma « classe »  et qui est un intime  du général Aziz. AZIZ aime beaucoup se faire la tête de tous ceux qui l'avaient précédé en notoriété et certains, par leur comportement obséquieux lui donnent la raison et l'occasion de les piétiner. Voilà: 1980-1984, une période qui pouvait constituer un mandat, donc un programme politique, des réalisations au moment où les institutions de Bretton Woods n'interféraient pas encore dans la politique économique des Etats souverains. 

   Maawiya Ould Taya

  A suivre incha'Allah

  ELY OULD KROMBELE

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