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samedi 30 mars 2013

« L’intégration » des hypocrites !


« L’intégration » des hypocrites ! Nouakchott a abrité pendant le début de présente semaine,les travaux du sommet de l’OMVS, organisation regroupant les pays riverains du Fleuve Sénégal, par ailleurs seul cadre d’intégration ouest-africaine auquel la Mauritanie appartient encore.

Se sentant, depuis longtemps, à l’étroit dans sa posture africaine, surtout depuis sa sortie cavalière de la CEDEAO, notre pays passe pour être l’incompris des « frères ». Au nord, il est le petit poussin d’une intégration maghrébine qui demeure utopique, car largement tributaire d’une impossible entente entre l’Algérie et le Maroc, véritables poumons de l’UMA.

Au sud, il cultive plutôt le complexe d’une ridicule supériorité (civilisationnelle) supposée et multiplie les impairs ; ce qui lui donne une image désolante si elle n’est des plus exécrable.

Oubliant les innombrables services qui lui avaient été rendus par les pays d’Afrique noire au moment crucial du combat pour son existence, la Mauritanie des chauvins qui se sont emparés des affaires en 1978 pour ne plus jamais les lâcher, s’est résolument évertuée à s’éloigner, le plus loin possible, de son univers africain.

Les générations d’après 78 de certains milieux de notre peuple ont été éduquées à la méconnaissance et au mépris de l’Afrique. Se voyant déjà dans les cimes de la Bekâa ou à l’ombre des montagnes de Najd, les "intellectuels" de l’après-"catastrophe" traitent tous les africains, certains nationaux y compris, d’étrangers alors que les ressortissants des pays arabes sont pompeusement gratifiés de l’ « honorant » épithète de « frères ». Ce rejet feutré, mais souvent fort, se traduit, parfois, par le traitement inhumain réservé aux ressortissants sub-sahariens vivant dans le pays.

Véritable souffre-douleur des services de sécurité désœuvrés, ces hôtes qui décident de vivre parmi nous, paient chère la facture du séjour dans le pays « africain » que nous proclamons être. Pour ces ressortissants-là, c’est la rafle systématique, le déni des droits les plus élémentaires. C’est aussi la prison garantie pour la moindre infraction au plus désuet des codes que personne ne respecte par ailleurs. Les autres sales petits tours du flic du coin et des « extravagances » des puissants contre eux sont légion.

Pourtant, lors des assises préparatoires de ce sommet de Nouakchott, premier du genre depuis les années 90, le ministre de l’Hydraulique mauritanien a mis l’accent, dans son intervention à l’adresse de ses pairs, que la « Mauritanie est attachée à l’intégration africaine ». Pipos ! Que de paroles vides et de slogans creux ! Dans ce pays, le jeu est clair : l’Afrique ne pèse strictement rien en dehors des discours protocolaires.

Ses valeurs sont minimisées, ses symboles ridiculisés, ses orientations stratégiques sabotées. Tout ce qui permet l’éclosion d’un rapprochement entre elle et une partie du peuple mauritanien est diabolisé. Ce n’est certes pas comme ce qui se faisait lors de la défunte Afrique du Sud avant la chute de l’Apartheid, mais cela est fait d’une telle dureté qu’il frappe l’attention !

Pourtant, á y voir de près, les communautés mauritaniennes qui écument le continent, sont, de loin, plus importantes et plus bénéfiques pour notre pays et son peuple que toutes les autres communautés expatriées dans les autres continents réunis. Partout, du Sénégal à l’Afrique du Sud, nos compatriotes s’installent, travaillent et vendent l’image d’un pays dont pourtant les orientations diplomatiques, dictées par un chauvinisme à deux francs, sont à l’opposé des intérêts et des aspirations véritables de son peuple. Les centaines de milliers des nôtres qui paient aujourd’hui, sans raison et au prix fort, la facture de notre sortie intempestive de la CEDEAO, ne diront pas le contraire.

D’ailleurs, heureusement que les pays hôtes où vivent nos compatriotes n’ont jamais accepté de nous appliquer la réciprocité malgré les injustifiables tracasseries et autres mauvais traitements que nos autorités réservent à leurs ressortissants qui vivent chez nous. Certes, il arrive que nos concitoyens soient les victimes d’une criminalité récurrente et incontrôlée dans certains de ces pays, mais là, la responsabilité directe de l’Etat est très souvent exclue.

La règle générale étant que nos compatriotes à l’étranger, vaquent, en toute quiétude, à leurs occupations dans le respect des lois et des règles édictées par le pays hôte. Ici, le problème est que chaque policier, chaque garde, chaque service et chaque autorité est un Etat à part et personne ne sait á quelle « loi » se fier !

Proclamer son attachement à l’intégration africaine n’est pas compatible avec les mauvais traitements et l’humiliation que subissent, exclusivement et de manière discriminatoire, les ressortissants subsahariens dans notre pays. L’intégration africaine passe d’abord par le respect des nobles valeurs des pères fondateurs de l’OUA et l’observation stricte des engagements et contraintes du bon voisinage et du respect mutuel, seuls garants des échanges vitaux entre les peuples du continent.

Un sommet de l’OMVS ne changera probablement rien au mal devenu structurel dans l’approche du « système » face à l’Afrique et aux aspirations à l’unité et á l’intégration de ses peuples. Seulement, osons espérer que les jours de ce « système » sont comptés et que des Mauritaniens rationnels, patriotes et qui ont d’abord le souci de la Mauritanie et le sens de l’équilibre fécond et positif, s’occuperont à remettre un ordre dans ce pays. En attendant, laissons les hypocrites chanter leur attachement à une intégration qu’ils laminent par un acharnement qui cache mal un racisme grégaire contre les communautés subsahariennes en Mauritanie !

Amar Ould Béjà.

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