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vendredi 8 février 2013

Toutes les composantes de la société mauritanienne sont concernées par l'esclavage.





Les systèmes des castes est une réalité indéniable en Mauritanie.

Toutes les composantes de la société mauritanienne sont concernées par l'esclavage. A savoir les Arabo-berbères et les Négro-Mauritaniens (Haall-pulaar, Soninké, Wolof et Bambara). L'esclavage est vécu comme un problème de conscience dans ces différents milieux.
D'une part, les Arabes ont arraché du monde négro-africain des êtres humains qu'ils ont soumis et continuent de soumettre à l'esclavage.
D'autre part, ils ont transgressé l'esprit de l'islam, religion qui constitue le fondement de leur culture et de leur civilisation. L'islam a toujours encouragé la libération des esclaves par les maîtres croyants.
Jean Rouvier, un de mes anciens professeurs à Paris II, tenait les propos suivants : "lorsque les idéalistes concoctent de bonnes idées, les matérialistes viennent les pervertir." Cette remarque ne concerne pas seulement les religions, mais aussi les idéologies de là-bas.
Dans le passé les communautés négro-africaines ont aussi vendu des esclaves dans le commerce transsaharien. Il appartient aux descendants d'esclaves de cette communauté aussi de s'organiser pour leur propre émancipation. Il existe, en effet, une forme d'esclavage dans les sociétés négro-mauritaniennes. L'existence des castes impose, aujourd'hui, dans cette communauté, des inégalités statutaires entre individus qui sont communément admises.
Toute démarche tendant à remettre en cause l'esclavage butera contre des intérêts économiques, juridiques, politiques etc., quelle que soit la communauté considérée.
Pour les Arabo-berbères, il s'agit d'une question de survie car l'économie traditionnelle et moderne fonctionne grâce à et par les harratines.
Si ces derniers étaient payés pour leur travail et si les Arabo-berbères vivaient du fruit de leur labeur, cela conduirait à une mutation fondamentale dans la société.
Pour les Négro-Mauritaniens la problématique ne se situe pas sur un plan économique mais au niveau du statut réservé aux gens de castes. La disparition des castes permettra une redistribution des rôles dans la société négro-africaine et une meilleure participation des personnes "castées" dans le destin de la nation.
Les "esclaves" dans la société négro-mauritanienne, ne sont ni vendus, ni donnés, ni échangés. Ils peuvent se marier sans l'autorisation de l'ancien maître. Ils bénéficient du fruit de leur travail. Mais ils n'ont pas voix au chapitre dans la cité. Ils ne prennent pas part au conseil du village. Ils ne peuvent être, ni chef de village, ni Imam de mosquée, sauf peut-être dans un village constitué exclusivement d'esclaves. Ce sont donc les parias de cette société.
Dans la société arabo-berbère, l'esclave est vendu, loué, échangé, donné, lynché, battu, castré, violée, exporté, désocialisé et dépersonnalisé, ne peut se marier sans le consentement de son maître, ainsi de suite.
Aujourd'hui, il y a des marchés d'esclaves en Mauritanie, notamment à Atar, la ville où est né le chef de l'Etat Ould Taya.
Il y a des villes, des villages, des campements de nomades où existent des lieux de lynchage des esclaves : de solides troncs d'arbres sont dressés. On y attache les esclaves promis au lynchage. Puis l'opération commence. La mort peut s'ensuivre. L'esclave peut perdre un oeil ou les deux, une oreille ou les deux, un nez, et peut perdre sa mobilité... La ville de Guerrou est un exemple. Guerrou est habitée par la tribu berbère Tajekant. Un député et un sénateur, des magistrats, des cadres de cette tribu ont participé à un lynchage collectif sur des Haratine (esclaves). Cette opération de lynchage a été dénoncée en 1999, dans une lettre adressée au chef de l'Etat Ould Taya. Cette lettre est restée sans réponse.
L'esclavage est un crime contre l'humanité, il ne serait pas justifié que la communauté internationale entoure de silence l'esclavage en Mauritanie. L'esclavage transsaharien a précédé l'esclavage transatlantique, le dernier a disparu, le premier demeure……

Cet article a été écrit pour la conférence à la Sorbonne Paris IV, le 31 mai et le 1er juin 2002, portant sur le Racisme et l’esclavage au Soudan et en Mauritanie.
SY Abdoulaye Baba SY

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