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dimanche 24 février 2013

Réponse à Ahmed Jiddou Aly.




Ces propos sont issus de votre article en guise de félicitation à Mr Ba Mamadou Kalidou.

« (…) Enfin, je me permets de rappeler à l’auteur de l’article que l’exécution des principaux auteurs de la tentative de putsch de 1987 n’est pas « la seule fois où des Mauritaniens sont tués pour une tentative de coup d’Etat, sans doute parce qu’ils étaient noirs ».
En 1981, les principaux auteurs de la tentative de prise de pouvoir des Colonels Ahmed Salem et Kader le 16 Mars, s’est terminée par leur exécution en compagnie de Niang.  Et seul Niang était noir ! ».

     Je vais vous démontrer, ici, votre mauvaise foi et votre sélectivité des faits historiques. En effet,  dans cette partie de votre analyse vous faites une erreur monumentale en faisant abstraction de bon nombre de chose dont je ne m’attarderai pas à faire état dans ces écrits.

    En premier lieu, je vais mettre l’accent sur le fait que vous perdiez de vue certains éléments historiques qui à mon sens sont d’une importance capitale. Lors de ces deux périodes, 1981 et 1987, nous n’avions pas les mêmes personnes à la présidence. Lors du coup d’Etat du 16 mars 1981, les mauritaniens avaient pour président Houna Ould Haidallah, et pour celle de la tentative du 22 octobre 1987, c’était sous la présidence de Maouiya Sid’Ahmed Ould Taya. Déjà delà, j’ai mis l’accent sur deux choses catégoriquement distinctes, qui sont, l’exécution du coup d’état de 1981, et une tentative d’exécution, celui de 1987. Je vais être un peu plus  explicite. Ce que vous ne dites pas dans votre article, c’est que le coup d’Etat du 16 mars 1981 avait ceux-ci de particulier, qui faisaient qu’il différait de celui 1987 : d’un, les auteurs venaient du Maroc, donc avaient la bénédiction d’une puissance étrangère ; de deux, Les auteurs ont procédé à un début d’exécution ; et enfin, de trois, mort d’Homme, il y’eut. Ce sont ces trois caractéristiques combinés qui font qu’on ne pourrait  nullement mettre le putsch de 81 et la tentative de 87 sur le même pied d’égalité. C’est aberrant.

     Puis, il y’a aussi une chose qui me frappe dans votre article, puisque vous êtes un fin connaisseur de cette partie de l’histoire de la Mauritanie. Pourquoi avez-vous décidé de vous référer au putsch du 16 mars 1981, alors qu’entre celui-ci et celui du 22 octobre 87, il y’eut la tentative de 1982 ? Qui semble à mon humble avis être plus proche, de celui du 22 Octobre 1987, par le fait qu’ils ont tous les deux une chose en commun,  qui est l’absence totale d’un début d’exécution  contrairement à celui du 16 mars 1981.

     Je tiens à faire savoir qu’aucun individu ou du moins à mon sens  ne pourrait se réjouir de la perte de vie de son semblable, ni non plus encourager une incitation à la prise de la vie d’êtres humains, car en comparant, la tentative de putsch de 87 à celle de 82, j’aurais  juste voulu que ces deux groupes d’officier aient pu bénéficier des mêmes circonstances atténuantes. Loin de moi, toute idée qui attrait à la  privation de  leurs vies comme leurs collègues de 87.  

      Toutefois, vous dans votre article  en rappelant le cas du Lieutenant Niang, on a l’impression que vous légitimez, voire même légalisez  le sort de ceux ce  qui sont tombés  le 06 décembre 1987. Et comprenez bien  que je ne suis pas l’avocat de ces jeunes officiers tombés sous les balles de l’ignominie, mais je rétablis juste une vérité historique, car sous votre plume, j’ai l’impression qu’elle est victime d’une distorsion nauséabonde. 

      Puis cette tentative des ces jeunes officiers a bien une cause. Une cause que plusieurs intellectuels résument à la satisfaction de leurs egos. Cette tentative ne pourrait être réduite à cela. Elle est la suite logique de toutes les frustrations dont la communauté noire a eu à être confronter. Déjà, dés la veuille de la seconde guerre mondiale, certains négro-africains voyaient cette menace, de leurs intérêts, d’où la création de certains mouvements entre fin 1940 et début 1950. Qui sera suivi de la rédaction du  Manifeste des 19 en 1966.  La circulaire 02, vint encore envenimer cette cohabitation frangible. Mais la machine à frustrer au lieu de s’arrêter là, couronne le tout avec la loi domaniale de 1983. Qui fut la goutte d’eau qui fera déborder le vase. C’est dans ce sens que toutes les associations négro-africaines vont se regrouper pour former les F.L.A.M. à la même année.

     Au cas vous l’auriez oublié, ce sont les parents, les frères, les sœurs, les amis, leurs enfants  etc.  de ces jeunes officiers qui sont touchées par ces actes irresponsables. Mais l’élément déclencheur de la tentative du putsch du 22 octobre a était certainement,  l’introduction de la langue arabe dans les examens pour passer le brevet pour être capitaine qui était vue pour les officiers francophones dont la majorité est noire,  comme un frein légal de bloquer leurs carrières militaires.  Mais rappelons aussi que, le non remplacement du feu Colonel Yall Abdoulaye, qui décéda en 1985, a était vu par cette communauté  comme une transgression de la règle de dosage ethnique.  Toutes ces choses ont contribué à la volonté de ces officiers à prendre le pouvoir.

     Cependant, la question lancinante et turlupinente  qui se pose à moi serait : auraient-ils, c'est-à-dire les putschistes noirs, mis en place un système équitable à l’opposé de ce qu’ils combattaient ? Personne ne pourrait apporter une réponse claire et précise à cette question à part  des supputations et des spéculations.   

     Revenons à l’iniquité du semblant de procès des auteurs de la tentative de putsch de 1987. Reconnaissons là, quand même que, même si beaucoup d’intellectuels negro- africains ont tendance à vouloir nier cet état de fait, je leur répondrai par l’affirmatif.  Effectivement, ce putsch devrait bien avoir lieu le 22 octobre, car y’a aussi une malhonnêteté  sous certaines plumes négro-africaines. Mais faut qu’ils sachent qu’il n’y a aucune culpabilisation à se faire.  Les sentences infligées à ces militaires, et aux rédacteurs du Manifeste du Negro-mauritaniens Opprimés, n’ont fait que corroborées une vérité qui était établie depuis fort longtemps à savoir le racisme d’Etat. 

     En regardant l’histoire des putschs en Mauritanie, on a une certitude absolue  qui serait que, même elle, c'est-à-dire cette histoire  se range du coté des putschistes noirs, pour certifier l’existence de la marginalisation de tous les noirs mauritaniens.  

     Dans les lignes précédentes,  j’ai  mis l’accent sur le fait que  dans votre article vous ne faisiez référence   qu’aux  putschs de 81 et la tentative de 87, tout en faisant fi de la tentative de 82. J’ai aussi mis l’accent  sur le fait que ces deux putschs  avaient eu lieu  sous deux  présidences distinctes. 

     Ces faits  étant établis, certes, si je m’arrêtais là, certaines personnes pourront me rétorquer en disant que si on suit la logique des choses, les exécutés ont eu le sort qu’ils méritaient et  pourraient me tenir comme assertion : c’est la première tentative  de coup d’Etat qui devrait avoir lieu contre Taya depuis son accession au pouvoir, le 12/12/1984. Il est évident que personne ne pouvait deviner la suite réservée aux personnes qui seraient  tentées  de faire un putsch militaire contre ce dernier. Donc pour toute personne voulant conquérir le pouvoir par ce biais, la sentence capitale était envisageable. Argument logique que  je leur concède d’ailleurs.   

     Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Je vais vous démontrer une fois de plus le caractère scabreux du sort infligé aux officiers : Sarr, et Sy. En 1988, il était fait état, d’une autre tentative de putsch similaire à celles de 82 et de 87,  orchestraient par des officiers Baathistes. Mais certainement parce que cela est effectué par nos compatriotes arabo-berbères, ils bénéficieront de la clémence présidentielle  et les cerveaux échapperont au peloton d’exécution contrairement aux officiers noirs. Ne voyait pas dans cette comparaison une pensée émanente de moi, qui voudrait que ces officiers subissent le même sort que ceux exécutaient  06 décembre 1987, non, mon vœu est ici de démontrer l’absurdité et le caractère manifeste de la haine raciale élevée à son point culminant.

     Il en ressort de ces comparaisons qu’en Mauritanie un arabo-berbère peut  songer comme bon lui semble et par n’importe quels procédés,  à prendre  le pouvoir. L’histoire de notre pays  regorge d’exemple, mais citons celui de Hanana avec les Cavaliers du changement en 2003, ou il y’eut mort d’homme. Il est aujourd’hui à la tète d’un parti politique. Autre duplicité,  dans le coup d’Etat de Hanana, aucun officier noir ne faisait partie de sa bande, personne ne lui avait  fait un procès de racisme. Quant aux noirs  de 1987, il leur a était reproché de l’être. Si certains ont été taxés d’être raciste parce qu’il y’avait une homogénéité de la composition de leur groupe putschiste par une même origine ethnique en l’occurrence ceux de 22  octobre 1987, il doit en être de même pour ceux de 2003.

     En réalité, ce qu’en Mauritanie pour un noir, il ne lui est permis qu’une seule chose, subir et se taire.  Il est évident que le pouvoir qui était en place à cette époque là, ne voulait pas seulement châtier ceux ce qui ont eu l’idée de vouloir prendre le pouvoir, mais il voulait aussi châtier psychologiquement tout individu  issu de cette communauté à vouloir s’adonner à une telle entreprise et à remettre en cause ce statut quo imposé.

Belle, triste devise pour le Negro-mauritanien : subir et se taire.


Sall Djibril.
Etudiant chercheur en Science politique
A l’université de Nantes.

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