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mardi 25 décembre 2012

L’éditorial de La Nouvelle Expression : Hawa Dia, une orpheline menacée de mort





Déclaration de soutien à Mlle Hawa Dia.

Pour avoir partagé une « photo montage » sur Facebook du général Dia et Sy Abou, ex-président de COVIRE, Hawa Mamadou Dia, stagiaire dans notre journal depuis un mois est menacée de mort. La photo dont il s’agit est l’œuvre d’un groupe qui se fait appeler sur ce réseau social « Victimes Y’en A Marre ». Et cette photo fut partagée et commentée par des centaines d’internautes. Mais pourquoi alors on en veut à Hawa, seule ? Et les autres?
Cette photo, qui est l’une des photos du groupe « Victimes Y’en A Marre », est un procédé engagé par ce groupe pour démasquer et dénoncer ceux qu’ils considèrent comme le mal qui ronge la communauté des victimes. Ceux qu’ils appellent aussi les « nègres de service ». Il a suffi que Mlle Dia partage cette photo sur son mur qu’Abou SY et certains des courtisans du général Dia menacent de lui tomber dessus.
Pour ce groupe constitué sur facebook, Dia, Abou Sy et consorts constituent une entrave à la nouvelle Mauritanie, cette Mauritanie de vérité, de justice et de réconciliation. Ils sont considérés comme étant les saboteurs du règlement du dossier du passif humanitaire des anciens militaires victimes des différentes purges qui ont eu cours dans notre pays…
Le péché originel – pourrait-t-on dire – de Hawa est d’appartenir au même village que le général. Ce qui, aux yeux des courtisans, est un motif suffisant pour qu’elle ne soit pas contre la façon de faire du général concernant le règlement du dossier du passif humanitaire. Drôle de manière de rechercher des soutiens. Mais oublie –t- on que ce problème, comme celui de l’esclavage dont souffre la Mauritanie aujourd’hui, est le fait des Mauritaniens eux-mêmes ? Ne devrait-on pas alors agir contre ces gens-là avec lesquels nous partageons le même pays mais à qui nous avons bien des reproches à faire ? Il y a longtemps que le ridicule ne tue plus en Mauritanie...
Sinon les fossoyeurs de l’entente sociale, de la cohésion des Mauritaniens ne pourraient être soutenus par qui que ce soit. Les individualistes, qui ne vivent que pour eux-mêmes et qui n’ont pour objectif que le mépris des autres, ne méritent pas de soutien, surtout pas celui des victimes. La Mauritanie a tant souffert de leurs turpitudes. Il ne faut donc pas que ces gens comptent sur leurs tribus ou communautés pour être soutenus.
Non. Non et non !
L’orpheline Hawa Dia n’a pas eu la chance d’être bercée par son père. Son papa a été tué dans les geôles du système qui a obscurci notre horizon, l’horizon de toute la Mauritanie. Son père et plusieurs de ses compagnons d’armes ont été tués au camp militaire de Jreida. Pour la mémoire de son père et toutes les victimes de la cruauté de nos gouvernants, elle se bat et elle n’a jamais baissé les bras. Elle a été et continue d’être de tous les combats pour que la vérité triomphe au service de la Mauritanie dont la tête reste encore baissée sous le poids de l’opprobre…
Pour une photo de deux hommes connus et tristement célèbres dans le règlement du dossier du passif humanitaire des anciens militaires, on veut la tête de Hawa Mamadou Dia, Secrétaire générale de l’Association des collectifs des orphelins. Pour si peu, on lui cherche des poux sur la tête ! Triste pays où des têtes d’assassins et criminels en tous genres circulent librement, avec, souvent, honneurs et promotions, alors qu’on s’en prend à de pauvres filles dont les pères, après avoir servi loyalement le pays, n’ont eu comme récompense que d’être tués sommairement et enterrés sans sépulture.
 L’histoire de la Mauritanie ne peut pas continuer comme ça ; ce serait alors insulter la mémoire de tous les citoyens, morts et vivants. Que ceux qui pensent à leur petit intérêt personnel et mesquin se le tiennent pour dit : nous partirons tous et laisserons ici la Mauritanie. Le général Dia, l’ex-lieutenant Sy Abou et leurs compères laisseront ce pays ici ; comme tous les êtres de chair et de sang, ils ne sont pas immortels. Car être courtisan ou soutien du prince du moment ne prémunit pas contre la grande faucheuse qui viendra à son heure.
Quant à notre journaliste, même orpheline, menacée d’agression par des gens se croyant intouchables, elle reste sereine car son combat est noble. Orpheline, mais debout. Qu’elle sache, ici, qu’elle n’est pas seule, car nous sommes tous des orphelins ; nous sommes tous des Hawa Mamadou Dia d’une Mauritanie que des charognards et des parasites veulent continuer à dépecer et à prendre en otage.
Seidi Moussa Camara

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