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vendredi 20 juillet 2012

UNE LUTTE EN PERIL



La lutte en Mauritanie, version  à  prétention réformiste en l’occurrence noire a échoué  pars qu’elle s’est présentée sous la forme d’un rêve et non d’un processus d’actions concrètes. Intellectuellement, elle n’a pas touché en profondeur les mentalités, ni transformer les considérations socio-culturelles et politico-idéologiques qui sévissent le pays.
Au plan politique, elle s’est caractérisée  plus comme un vœu pieu, sans  possibilités de mettre en œuvre des initiatives permettant  de mettre en concert les synergies, ni réfléchir sur la définition des critères de convergence harmonisant ainsi les efforts pour une approche innovante et pragmatique.
Il est heureux de constater aujourd’hui le redéploiement des FLAM au bercail. Toutefois, faut-il revenir sur l’historique de ce mouvement qui pendant longtemps a symbolisé la lutte des noires de ce pays. Il faut dire que ce mouvement à l’instar des autres mouvances s’est caractérisé plutôt comme une réaction à une frustration, un ressentiment de toute une frange de la population et non comme une véritable source de contestation d’un ordre social et politique préétabli.
L’ironie du sort est que ce mouvement  après  plus de 20ans de lutte ne fait aucune  remise en cause de soi, de ses idées, de ses modes opératoires.  Sa réaction de départ était surtout motivée pour l’essentiel d’un puissant désir de revanche contre un système  politique qui depuis s’est renforcé et solidifié par les différents régimes qui se sont succédés depuis les indépendances à nos jours.
En conséquence, force est de constater que les mouvements de lutte en Mauritanie ne profitent pas de leurs échecs, de leurs crises et de leur inefficacité. Ils attendent que  leurs effets s’estompent, sans rien changer à leurs conceptions des choses. Ils comptent plutôt sur un miracle, avant d’être de nouveau confrontés  à  des nouvelles débâcles humiliantes.
Ils vocifèrent  dans le néant sans prendre des résolutions concrètes, la logique mentale et sociale n’introduit aucun changement radical dans l’ordre des choses. Tous ou presque vivent dans une posture ostentatoire, loin des préoccupations de l’heur, ou tout est urgent et alarmant.
Ces mouvements ne sont finalement en quête de rien du tout, à  y regarder de prêt, on dirait qu’ils souhaiteraient que les choses leurs tombent du ciel, pour enfin être reconnus victimes et gagner un procès longtemps déclenché.
Quant aux intellectuels, sensés êtres les concepteurs de cette lutte,  n’ont jamais su construire un appareil d’analyse et de critique sauf dans le sens d’une apologie illusoire destinée à  mettre en valeur leur propre ego pas plus pas moins.
Dans cette lutte en mal de leadership, personne n’a cru à  la nécessité d’une approche permettant de mettre en œuvre une ligne de conduite qui puisse impliquer une masse critique et ainsi cristalliser les forces vives des populations. Toutes les actions ont été élaborées en dehors des critères d’efficacités mais plutôt exécutées dans la division des idées et l’anarchie la plus totale.
Si bien que toute action entreprise s’est vu confrontée en butte à des obstacles, à des pertes de temps et d’énergie, se soldant par des echecs les uns après les autres. Ce qui traduit incontestablement l’incohérence et le divorce entre les pensées prônées et les actes qui devraient suivre. Pire cette incohérence s’accompagne avec une arrogance manifeste des personnes supposées êtres les références et les modèles de cette lutte.
La tournure que prend actuellement le mouvement TOUCHE PAS MA NATIONALITE en est une belle illustration. A moins d’une année d’existence, on voit déjà surgir des dissensions, des conflits d’intérêts et de leaders. Les diffamations dont se livrent mutuellement ce mouvement et  l’organisation de l’IRA sont plus qu’édifiantes  sur leur état d’esprit et la réserve mentale dans la quelle s’inscrivent leurs promoteurs.
L’épineuse question qui se pose dans ce contexte est bien évidemment de savoir  si cette lutte n’est pas devenue stérile après avoir enfantée une seule fois l’enfant prodige «le manifeste du negro-mauritanien opprimé » (un  document qui avait établit un simple constat de la réalité de l’ordre préétabli par un système qui persiste).
 Au delà de ce constat, et prés de 30 ans de lutte, toutes les stratégies pour  renverser cette tendance  ont été  épuisées sans satisfaction véritable. L’enjeu est de savoir concrètement aujourd’hui  si la victoire est possible en soi.
Il faut que les jeunes générations sachent que dans ces conditions, il n’y a ni possibilité de renaissance ni de transfert des stratégies de lutte qui de toute évidence ont montré  leur limite après tant d’années de souffrance,  de frustrations et de constatation sans jamais de contestation véritable.
Chaque génération  est régie par une logique du destin qui fait qu’elle doit se réaliser par elle-même et pour elle-même. Cette dignité humaine que nous revendiquons doit être avant tout une conquête de soi sur soi car ce  vide moral et matériel qui manque à cette lutte ne favorise en aucun cas son aboutissement.
Contribution de Cheikha Gueye

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