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jeudi 12 juillet 2012

TPMN: A Monsieur le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies


Monsieur,

Nous vous avions saisi, à l’occasion de la célébration du 63ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme, pour attirer votre attention sur le cas particulier de la Mauritanie régie par un système raciste et esclavagiste tacite qui confine les citoyens noirs de notre pays au rang de citoyens de seconde zone.
Nous revenons aujourd’hui à la charge pour vous dire que cette situation qui perdure porte les germes d’une déstabilisation future du pays qui ne ferait qu’ajouter au désordre et au chaos que vit actuellement  la sous-région.
En effet, le spectre de la tentative de génocide contre la communauté négro-mauritanienne qui s’était traduite par des massacres et des déportations massives vient se rappeler à notre triste souvenir à travers la grève de la faim qu’observent les déportés mauritaniens abandonnés à leur propre sort au Sénégal pour dénoncer leur conditions miséreuse,  cela alors même que la Mauritanie et le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies clament haut et fort la fin de l’opération de rapatriement de ces déportés que, par un subtil glissement sémantique, l’on appelle réfugiés. Dans le même temps, notre ministre de l’intérieur nie l’existence de réfugiés mauritaniens au Mali avec le silence assourdissant de ce même HCR qui, pourtant, les avait assistés dans l’urgence et avait participé plus tard à leur identification.
Quant aux exécutions extrajudiciaires et aux massacres des années 1990, leurs présumés auteurs continuent de circuler librement sur toute l’étendue du territoire, gravitant autour des grandes sphères de décision du pays, toisant leurs victimes du haut de leurs strapontins gagnés au nombre de gouttes de sang noir versées, protégés qu’ils sont par une loi scélérate votée en 1993  qui les absout de tous leurs crimes.
C’est cette loi de l’impunité qui fait que les gendarmes  de Maghama, localité située dans le sud du pays à 120 kilomètres de Kaédi, n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur des manifestants pacifiques de Touche pas à ma nationalité qui ne demandaient qu’à être traités en dignes citoyens de ce pays, assassinant Lamine Mangane, adolescent de 16 ans. Aucune enquête n’a été diligentée jusque-là pour situer les responsabilités dans cette affaire.
A ce déni de citoyenneté, vient s’ajouter le déni d’humanité vis-à-vis d’une frange importante de notre peuple, réduite en esclavage malgré la batterie de textes interdisant cette pratique honteuse, inhumaine et d’un autre âge. Ceux qui osent se dresser contre ce phénomène, dont Radio Mauritanie, porte-voix par excellence de l’Etat mauritanien, fait l’apologie en organisant des débats sur les conditions de vente des esclaves en Islam, ceux-là donc sont voués aux gémonies, jetés en pâture aux masses conditionnées s’ils ne sont purement et simplement emprisonnés en toute illégalité. Tel est le cas du militant anti-esclavagiste Birame Dah Abeid et ses compagnons.
Les détentions arbitraires et illégales sont d’ailleurs devenues monnaie courante dans le pays au point qu’aucun citoyen n’est à l’abri de tels abus, quelle que soit son appartenance ethnique, pour peu qu’il soit en désaccord avec le régime. Combien de personnalités croupissent en prison sans jugement ou sans aucune charge retenue contre eux.
La justice est aux ordres et est donc incapable de jouer son rôle. Le résultat en est que le citoyen peut du jour au lendemain se retrouver dans une situation kafkaïenne. Le cas de Bakary Bathily, étudiant et militant de Touche pas à ma nationalité, en est une illustration parfaite. Ce jeune homme torturé et laissé pour mort par la police de Kaédi en septembre dernier juste parce qu’il participait à une manifestation dénonçant le caractère raciste et discriminatoire de l’opération d’enrôlement initiée par le régime en mai 2011 n’a pu poursuivre ses bourreaux. Au contraire, après avoir miraculeusement échappé à la mort, il est retourné à ses études qu’il a dû interrompre brutalement pour ne pas subir une nouvelle fois les foudres de la police qui le recherchait activement pour une grève des étudiants de l’Université de Nouakchott. Depuis février personne ne sait où il se cache ni même s’il est encore en vie.
Voilà, Monsieur le Secrétaire Général, où en est la Mauritanie, en ce début de troisième millénaire et au  bout de bientôt cinquante-deux ans d’indépendance.  
Nouakchott le 12 juillet 2012
    
Ampliation :
Ambassade des États-Unis d’Amérique
Délégation de l’Union Européenne
Ambassade de France
Ambassade d’Espagne
Ambassade d’Allemagne
Ambassade du Sénégal
Ambassade de l’Afrique du Sud





















La Cellule de communication TPMN Authentique 

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