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mercredi 18 janvier 2012

Rapt du gendarme: AQMI pose ses conditions

 
Le Calame: Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), nébuleuse terroriste sous-régionale, a revendiqué, dans un communiqué reçu vendredi soir par l’Agence Nouakchott Info, le rapt d’ Ely Ould Moctar, gendarme mauritanien, début décembre, dans la localité d’Adel Begrou (frontalière du Mali).
Le groupuscule à visage islamiste pose deux conditions à la libération de l’otage. En un, «que les autorités de Nouakchott remettent en liberté deux de ses membres» dont l’identité n’est pas précisée. Notons, à cet égard, que plusieurs membres présumés et même reconnus d’AQMI sont détenus dans les prisons mauritaniennes. La seconde exigence porte «sur l’engagement de la famille du gendarme», entendue, ici, au sens de tribu «à garantir son abandon du service militaire de la gendarmerie». Pour authentifier sa revendication, AQMI a accompagné le communiqué d’une vidéo où apparaît «en tenue et menotté, le gendarme de 4ème échelon, Ely Ould Moctar, né en 1982, à Timbédra (1.100 kilomètres à l’Est de Nouakchott), en service à la brigade d’Adel Begrou (près de la frontière malienne), enlevé et fait prisonnier par l’organisation Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI)».

Appel pressant au président mauritanien
«Je conjure le président Mohamed Ould Abdel Aziz d’intervenir pour régler mon problème, comme il l’a fait en faveur de chrétiens espagnols qu’il a échangé contre Omar Sahraoui [détenu à Nouakchott et finalement libéré en 2010, NDR]. Je demande à la tribu de mon père et à celle de ma mère d’intervenir d’urgence, pour traiter mon cas». Omar Sahraoui est un ressortissant du Nord-Mali. Arrêté, par les services mauritaniens, pour complicité présumée dans l’enlèvement, par AQMI, de trois otages espagnols, sur la route Nouadhibou-Nouakchott, le 29 novembre 2009, il a été extradé vers le Mali, sur la base d’un accord de coopération judiciaire signé, entre Nouakchott et Bamako, en 1963 (thèse officielle). De nombreux observateurs ont perçu, à travers ce geste, une action du pouvoir mauritanien visant à la libération des otages espagnols, qui ont été effectivement relâchés, peu après, par le mouvement terroriste. Une autre partie de l’appel lancé dans la vidéo «conseille aux militaires mauritaniens de veiller à l’application de la Chari’a (législation islamique) au lieu de se consacrer aux autres lois». Avant la revendication, le rapt du gendarme mauritanien était attribué à un groupuscule d’AQMI dirigé par le djihadiste algérien Yahya Jouwaidi. Le décryptage de ce message renvoie à une volonté de la nébuleuse terroriste de sensibiliser l’opinion nationale sur le «traitement de faveur» accordée, aux Occidentaux, par nos autorités. De fait, le raisonnement semble être le suivant: au début de l’année 2011, la Mauritanie a consent à libérer Omar Sahraoui, un homme contre lequel pesaient de graves présomptions de complicité dans l’enlèvement des trois humanitaires espagnols, pour faciliter la libération de ces derniers. Pourquoi Nouakchott ne serait-elle pas prête à un «arrangement» similaire, pour récupérer un homme sous le drapeau, enlevé alors qu’il assurait une mission de défense de la patrie? Un argument qui peut faire mouche, dans la mesure où le pouvoir serait désireux de ne pas donner l’impression d’accorder plus d’importance aux Occidentaux qu’à ses propres ressortissants, surtout quand il s’agit d’un homme sous les drapeaux. C’est une manœuvre, à double tranchant, qui met la Mauritanie dans une posture hautement inconfortable. Un choix, cornélien, entre négocier avec son pire ennemi, perçu comme un bandit, se servant du discours religieux à des fins inavoués, et abandonner «son fils», dans les griffes de la nébuleuse djihadiste.
Correspondance de Nouakchott 

Le calame Mauritanie

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