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lundi 30 janvier 2012

Aziz et les voies de la fin

“Aziz et les voies de la fin” Tel peut être le titre à donner à une analyse publiée récemment par le site arabophone " Tawary " et dont l’auteur, Mohamed Ould El Moctar Chinguitty, n’y va pas avec le dos de la cuillère pour prédire au régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz une fin des plus tourmentées !
Depuis le début de présente semaine, la presse arabophone nationale et internationale se fait les choux gras du texte rédigé par le sieur Mohamed Ould El Moctar Chinguitty, un mauritanien qui résidait aux USA et qui se trouverait depuis quelques semaines aux Emirats Arabes Unis et au Qatar. L’homme que l’on disait proche de Mohamed Ould Abdel Aziz, ne le semble plus. En écrivant son texte, il va du principe que Ould Abdel Aziz " a joué de malchance en venant au pouvoir à un moment où le règne des dictatures n’est plus possible ". C’est, pour ce penseur, la contradiction flagrante entre la fin des régimes tunisien, égyptien, libyen (et probablement syrien et yéménite) et la poursuite, en Mauritanie, de dictatures militaires qui ont commencé en 1978 mais, comme le laisse supposer l’évolution sociopolitique du monde arabe ne peuvent plus continuer sur la même lancée. Et Ould Moctar Chinguitty d’énumérer, à côté du " mauvais timing ", ce qu’il pense être les forces et faiblesses du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, laissant croire, à travers son analyse, que les secondes sont notoirement plus nombreuses que les premières.
Evoquant les forces du pouvoir d’Aziz, l’auteur de l’article parle de " cartes circonstancielles " qui ressemblent aujourd’hui à des " feuilles de printemps éparpillées dans un jour de tempête " ! Ce sont des forces qui relèvent de l’exhibitionnisme et n’offrent à leur détenteur aucune garantie de maintien dans le pouvoir.
Le point fort du pouvoir actuel en Mauritanie est qu’il est nouveau, et l’on sait, pense Echinguitty, que les révolutions populaires ne prennent pas, généralement, pour cible des pouvoirs nouveaux. C’est l’usure de ceux-ci (comme en Tunisie, en Egypte, au Yémen et en Libye) qui constitue le facteur déclenchant des révoltes populaires qui finissent par se transformer en révolution. Pour Mohamed Ould El Moctar, le président Aziz aurait pu tirer profit d’un tel fait, en agissant avec sagesse sur le facteur temps. Mais, dira-t-il, c’est le contraire qui s’est produit : " En un temps record, il a épuisé toutes ses cartouches par son improvisation, le mauvais choix des hommes, la vision politique à l’intérieur et les alliances diplomatiques à l’extérieur ".
Son deuxième point fort, toujours selon cet analyste, est sa disposition à servir les intérêts de l’Europe occidentale, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine. Mais, pense Echinguitty, cette carte " est aujourd’hui épuisée depuis que les printemps arabes ont fait comprendre aux Occidentaux que mieux vaut prendre en compte les aspirations de changement des peuples que de tabler sur la sujétion de leurs gouvernants ".

Des carences " fatales "

Puis Echinguitty de poursuivre son analyse en énumérant les faiblesses du pouvoir d’Aziz, " plus nombreuses et tuantes " que les atouts qu’il détient actuellement entre ses mains. Il cite, dans ce cadre et en premier lieu, la faiblesse de la base populaire et politique sur laquelle s’appuie son pouvoir. Il dit, de manière explicite, que malgré les apparences, Aziz n’a pas réussi à s’entourer de soutiens solides comme ont su le faire ses prédécesseurs militaires, dont les puissants réseaux (dans le milieu des hommes d’affaires, des politiques et de la société) servaient d’outil de contrôle des masses et des structures d’influence tels les partis, les associations et autres organisations de la société civile. Il y a même, note en substance cet analyste, que certains n’ont pas hésité, pour assurer la survie de leur pouvoir, à s’allier à des courants idéologiques influents (baathistes, nasséristes, kadhihines, islamistes, etc.) ou à jouer sur la fibre tribaliste, régionaliste et nationaliste. " Tout cela, manque à Aziz, note Echinguity, au grand bonheur des mauritaniens, qui voient le président recourir à une coterie politique (ministres, hauts cadres, élus) ne jouissant, le plus souvent, d’aucune assise populaire et ne réussissant pas souvent à mener à bon terme les missions sensibles que le Raïs leur confie ".
L’analyse, apparemment très remonté contre le régime d’Aziz, en vient à citer la crise économique, politique et sociale actuelle comme l’un des éléments pouvant conduire à la chute du pouvoir. S’y ajoute, toujours selon Echinguitty, le saccage des ressources nationales dans ce qui ressemble bien à retour de la gabegie à ciel ouvert. Et ceci, au moment où les populations plient sous le poids des prix de denrées de première nécessité grimant de jour en jour, d’un chômage endémique des jeunes et mauvaise allocation des financements.
Sur le plan des relations extérieures de la Mauritanie, Mohamed Ould El Moctar Echinguitty tire à boulets rouges sur le flirt de la Mauritanie avec les régimes libyen du défunt Kadhafi, iranien et syrien. Le texte d’analyse montrera que cette relation " mal réfléchie " est mal vue par les pays arabes du Golfe, notamment, le Qatar dont l’Emir vient d’effectuer un passage éclair en Mauritanie, sans doute pour tenter de pousser Aziz à s’éloigner de Téhéran, au moment où les autorités de ce pays subissent des pressions de partout.
Abordant le dernier aspect de ce qu’il appelle " le génie diplomatique d’Aziz ", Echinguitty prend le parti du Maroc contre l’Algérie, voyant mal comment on peut nouer des relations " avec de vieux généraux, cherchant actuellement une porte de sortie à leurs problèmes " au détriment de relations séculaires avec le royaume chérifien.

Comment faire chuter le régime

Bien que toutes ces " raisons " ne soient pas suffisantes, aux yeux d’un démocrate, pour appeler à la chute d’un pouvoir - bien ou mal élu - Echinguitty donne " sa " recette… pour faire chuter Aziz ! Pour lui, les " tares " du système Aziz ne suffisent pas, à elles seules, pour mettre un terme au pouvoir de cet ex-général " arrivé au pouvoir, une première fois, par infraction ", mais qui a réussi, par la suite à " se légitimer " par l’organisation de la présidentielle de juillet 2009 gagnée par lui sans coups férir.
Pour que le changement démocratique soit effectif en Mauritanie (à l’image de ce qui s’est passé dans certains pays arabes ?), il faut, selon Echinguitty, la conjugaison de quatre facteurs. d’abord que les élèves des lycées et de l’Université bougent. Pour lui, les " printemps arabes " ont d’abord été " une affaire de jeunes qui aspirent à des changements profonds de leurs sociétés ".
Ces jeunes qui ont maintenant des moyens de tout savoir, d’être en contact avec leurs semblables et de pouvoir interagir sur leur vécu de tous les jours, ne veulent plus être les victimes expiatoires de pratiques antidémocratiques vécues en Mauritanie de son indépendance à nos jours.
Le second terme de ce changement, toujours selon Echinguitty, est la communauté des " hratin ", avec l’éveil d’une élite jeune n’acceptant plus d’être sous la tutelle de leaders ayant fini par s’accommoder des réalités du pouvoir en Mauritanie. Cette composante sociale, la plus marginalisée économiquement et politiquement, malgré son importance numérique, peut être un facteur de changement dans le pays, si le camp des jeunes parvient à faire basculer le rapport des forces en sa faveur " et à s’ouvrir plus sur les autres forces politiques œuvrant pour l’établissement d’une réelle démocratie en Mauritanie ".
Le troisième terme favorable à l’instauration d’un véritable changement dans le pays, est la capacité de l’opposition actuelle à " fédérer ses efforts ", loin des élans et relents de la politique politicienne. Celle qui fait passer les intérêts égoïstes des personnes et des partis avant ceux d’une communauté nationale tout entière. Echinguitty pense qu’elle peut, si elle s’y met sérieusement, parvenir " à un Code d’honneur " empêchant Aziz à se présenter pour un deuxième mandat et ouvrir la porte pour une alternance pacifique au pouvoir avec la possibilité, pour la première fois, d’instaurer en Mauritanie un pouvoir civil élu démocratiquement et sans soutien de l’armée. Ce qui est d’ailleurs meilleur pour l’actuel président puisque cela lui permet de quitter le pouvoir autrement que par la porte " dérobée " d’une révolte populaire aux conséquences désastreuses pour un pays comme la Mauritanie.
Enfin, le quatrième élément de cette hypothétique " révolution " mauritanienne, à l’image des printemps arabes, est l’entrée en lice - et avec force - des islamistes. Pour Echinguitty, l’atout de ce groupe politique est sa vitalité prouvée à maintes occasions dans le monde (Tunisie, Maroc, Libye, Egypte, Yémen, Syrie) et la jeunesse de ses dirigeants. S’ajoute à cela le fait qu’actuellement ce mouvement est plutôt favorable à l’opposition et dispose d’une réelle capacité de faire bouger la rue.
Face à une telle situation, Mohamed Ould Moctar Echinguitt n’offre au président Aziz que trois alternatives : la fuite en avant, en choisissant les mêmes procédés de répression et de " containment " de la colère populaire qui ont perdu son prédécesseur et " modèle " Ould Taya (1), qu’il comprenne que la démocratie est inéluctable en Mauritanie, accélère la cadence avec laquelle il s’saccage les biens de l’Etat quitte le pouvoir pour aller fructifier " ses biens mal acquis ". A condition que le peuple ne lui demande pas des comptes, comme en Tunisie et en Egypte (2). Faire face aux manifestations populaires suivant le même mode opératoire choisie par les dirigeants des pays arabes où des révoltes ont éclaté. Et ce sera la porte de sortie.
Synthèse : Sneiba Mohamed.
Source: L'authentique.info

1 commentaire:

  1. Voici pour la premiere foi une analyse du futur de la mauritanie qui s'approche de la realité .Je le lu et je le compris ,car il n'a pas etait au fond des certains detaille pour des raison aussi que je semble comprendre . de toute facon quellechose sent venir en Mauritanie meme si on ne sait quand .

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