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samedi 17 décembre 2011

Kaédi, ville martyre par Mariame KANE, Boubacar DIAGANA et Ciré BA

 

Les forces armées mauritaniennes ont réprimé, avec une extrême violence, les récentes manifestations pacifiques organisées par des jeunes mobilisés contre l’opération d’enrôlement au sein du mouvement « Touche Pas à ma Nationalité ». Durant trois jours, elles ont fait de cette ville un terrain de jeu favorable, un champ de bataille, un front de guerre. Rien, ni personne n’a été épargnée.

Au-delà de cette intervention particulièrement massive et disproportionnelle, il y a là le signe évident du retour de l’Etat oppresseur, raciste et esclavagiste dans cette ville. La méthode n’est pas sans rappeler celle de sinistre mémoire d’une Algérie de veille d’indépendance quand une certaine armée d’occupation poursuivait les militants de la libération dans les rues de la Kasbah et jusque dans les manâzils qu’elle fouillait systématiquement et tirant à vue sur leurs occupants. A Kaédi, l’armée du Général Mohammed Ould Abdel AZIZ s’est comportée comme en territoire conquis et occupé, guerroyant, poursuivant les manifestants dans les ruelles de la vieille ville, lançant aveuglément des grenades dans les concessions, dépassant ainsi les limites de l’acceptable.


Tout cela pourquoi ?


Parce que le peuple en général, sa jeunesse avant-gardiste en particulier, a exprimé son opposition à une opération d’enrôlement qui s’apparente à un génocide démographique imposée par l’Etat. Comment ne l’auraient-ils pas fait tant les motivations et la portée d’une telle opération manquent de clarté. La jeunesse ne demandait ni plus ni moins, en raison de l’enjeu, que l’arrêt de l’opération en attendant que le peuple soit édifié sur ses tenants et aboutissants. En faisant cela, elle use d’un droit fondamental et accomplit un devoir, celui d’alerter la société sur les risques, et c’en est un, qui la guettent. C'est-à-dire tout le contraire de ce que font les politiques véreux : Manipuler, tromper.


Mais ce faisant, elle savait qu’elle bousculait des habitudes dans ce pays où les seules manifestations autorisées sont celles de soutiens aux régimes, fussent ils dictatoriaux et sanguinaires. Elle attendait une explication, celle-ci fut musclée. Il est vrai que c’est trop demander au soldat en chef de faire œuvre de pédagogie, lui qui reconnaissait dans une interview accordée à la radio Kassataya que les conditions qui ont présidé au lancement de l’opération de d’enrôlement, manquaient d’explications. On sait désormais ce que recouvre pour lui ce concept.


La responsabilité de Mohammed Ould ABDEL AZIZ dans ce qui se passe à Kaédi depuis le 24 septembre est pleine et entière. Il devra en répondre ; et ses soutiens de la cité du Sud, s’en expliquer.

Face à cette agression, n’est-il pas indécent de parler de violence des manifestants et de ces femmes déterminées à faire libérer leurs enfants ? Ils se sont défendus avec des moyens de bord rudimentaires. Cela s’appelle RESISTANCE. La peur a changé de camp. La résistance doit se poursuivre partout en Mauritanie, avec tous les Mauritaniens qui le souhaitent.

Au nom de cette résistance, du droit à la résistance et à une existence digne, nous réfutons le principe de l’unité nationale fondée sur l’unité du cavalier et du cheval. Nous ne serons plus le cheval. Désormais, nous posons la question du statut des noirs Mauritaniens.


Avec Ould Abdel AZIZ, la Mauritanie ne sait pas où elle va, mais elle y va en courant à grande vitesse. Il usurpe le pouvoir, décide d’élections unilatérales avant de les reporter au prétexte de les élargir à l’ensemble de l’opposition, mais en réalité pour mieux les truquer et se faire élire. Depuis, il s’est assis sur tous ses engagements, à commencer par les accords de Dakar et leur application. Aujourd’hui, le pays vit dans un vide juridique sans précédant : tous les mandats électifs ont expiré ; des Sénateurs aux Maires et Conseillers Municipaux, en passant par les Députés à l’Assemblée Nationale. Il reste seul maître à bord. Mais il n’a plus la confiance du peuple, qu’il a trompé, trahi. Il doit PARTIR peut importe comment.

Notre Nationalité n’est pas négociable.
Si l’assassinat du jeune Lamine MANGANE se confirmait, nous appelons l’armée à renverser Mohamed Ould Abdel AZIZ.

Mariame KANE, Boubacar DIAGANA et Ciré BA.


Note
: Si l’assassinat du jeune Lamine MANGANE se confirmait, nous appelons l’armée à renverser Mohamed Ould Abdel AZIZ

De:
Ciré BA

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