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mercredi 16 novembre 2011

Balla Touré secrétaire aux relations extérieures de l’IRA: «A Travers la commémoration des dates du 27 et 28 novembre, nous pensons à toutes les victimes de la barbarie raciste…»


Balla Touré est secrétaire à l’organisation Comité préparatif des journées de souvenir aux Martyrs d’Inal. A l’approche de la journée commémorative pour les militaires pendus à Inal, programmée pour les 27 et 28 novembre prochains, il revient sur le sens de cette marche.

Balla Touré secrétaire aux relations extérieures de l’IRA: «A Travers la commémoration des dates du 27 et 28 novembre, nous pensons à toutes les victimes de la barbarie raciste…»

c les veuves et les orphelins des militaires victimes de la répression dans les années 90/91», soutenait Biram Ould Dah Abeïd, président de l’IRA, lors d’une conférence de presse tenue à la nouvelle Maison des Jeunes, en juillet passé. La commémoration des dates du 27 et 28 novembre prochains en mémoire des 28 militaires négros-mauritaniens pendus à Inal dans la nuit du 27 au 28 novembre 1991, est-elle un prélude au combat contre l’oubli et l’impunité promis par le président de l’IRA?


Des choses très graves se sont passées dans ce pays pendant la période 90/91, durant la gouvernance du colonel Ould Taya. Il y a eu des exécutions extrajudiciaires un peu partout en Mauritanie, surtout le long de la vallée du fleuve Sénégal. Mais aussi des militaires ont été arrêtés, incarcérés dans des casernes, exécutés sans aucune forme de justice et tout ceci a connu un point culminant pendant la soirée du 27 au 28 novembre 1990 quand les responsables de la caserne d’Inal ont décidé de commémorer le trentième anniversaire de l’accession de la Mauritanie à l’indépendance en désignant parmi les prisonniers, 28 de ces militaires négro-mauritaniens qu’on a numérotés de un à vingt-huit. Et tous ont été pendus ce soir. Donc c’est dans ce contexte que nous avons voulu commémorer ces martyrs. Le comité que nous avons initié s’appelle le Comité préparatif des journées de souvenir aux Martyrs d’Inal, mais à travers cette commémoration, nous pensons à toutes les victimes de la barbarie raciste, à tous ceux qui ont été tués de façon injuste à Oualata, Sorimalé, à Inal, Jreïda, à Azlat, sur tout le long de la vallée du fleuve Sénégal et un peu partout. Donc c’est une façon pour nous de commémorer toutes les victimes de la barbarie raciste du régime d’Ould Taya. Nous avons le sentiment que ce dossier est en train d’être enterré et sommes loin de l’accomplissement des devoirs de vérité, de justice, de mémoire et de réparation. Nous avons observé chez les rescapés, les veuves et les orphelins des militaires tués une telle volonté de continuer la lutte que notre foi en eux est très grande, et notre conviction est faite que la vérité puis la justice triompheront pour le règlement définitif de ce dossier.

Dimanche 13 novembre, alors que certains s’attendaient à voir Lahbouss Ould Oumar annoncer la création d’une IRA/Ère Nouvelle dont il aurait été le président, l’intéressé a laissé entendre que l’État a tenté de le corrompre dans le but de créer des dissensions dans les rangs de l’IRA. Que vous inspire cet épisode?



Nous ne sommes pas surpris de cette tentative des renseignements généraux de créer une dissidence au sein de l'IRA. Nous sommes poursuivis au quotidien, nous sommes harcelés, nous sommes surveillés. Malheureusement pour eux, ils sont tombés sur un militant aguerri. Notre ami Lahbouss Ould Oumar tient beaucoup à ses principes, au combat que nous menons ensemble. Les renseignements généraux sont passés par le mauvais chemin. IRA-Mauritanie, ses cadres, ses militants, et ses sympathisants sont décidés à aller de l’avant, nous sommes convaincus et ne souffrons d’aucun doute que notre combat portera ses fruits et nous arriverons Inch'Allah très bientôt à une Mauritanie débarrassée de toutes ces tares que sont l’esclavage, le racisme, l’exclusion. Il n’y aura plus de place pour les racistes, plus de place pour les esclavagistes en Mauritanie.



À l’issue du dialogue qui a réuni trois partis de l’opposition et la majorité, il a été décidé d’inscrire l’interdiction de l’esclavage dans la constitution. Est-ce une avancée à vos yeux?


Porter la criminalisation de l’esclavage au niveau de la constitution ne change rien à la situation. Il existe une loi criminalisant l’esclavage, cette loi renferme bien des insuffisances mais du moment qu’elle existe, commençons, d’abord par l’appliquer. Malheureusement, la volonté politique ne suit pas. Nous avons vu, jusque-là, les autorités locales, les walis, hakems, commissaires de police, et commandants de brigade de gendarmerie prendre part clairement pour les esclavagistes, faire tout pour empêcher leur poursuite devant la justice.



Nous ne sommes pas naïfs, les autorités actuelles comme celles qui les ont précédées n’ont pas intérêt à ce que cette pratique s’arrête. Le régime tire sa force de sa connivence avec les groupes féodaux dominants. L’esclavage est d’abord matériel. L’esclave c’est une main-d’œuvre gratuite, très docile. Suivre les dromadaires, entretenir les troupeaux demandent beaucoup d’efforts, beaucoup d’argent. Mais la présence de l’esclave et de sa descendance offre une main gratuite et évite aux esclavagistes de délier les cordons de la bourse. Par ailleurs nous savons aussi que les esclaves mineures servent, excusez-moi du terme, de chair fraîche pour les maîtres qui s’adonnent sur ces mineures à des violences qu’aucune morale ne saurait justifier, tolérer. Les viols sur ces filles, dès l’âge de douze ans, sont quotidiens. Les esclavagistes tiennent à l’esclavagisme pour le profit matériel et l’assouvissement de leur libido bestial.



Propos recueillis par Samba Camara

Noor Info

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