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dimanche 27 mars 2011

Face aux revendications de la Coordination du 25 février: Aziz dégage en touche







La Coordination de la Jeunesse du 25 février a organisé un rassemblement populaire, dans le centre-ville de Nouakchott, sur la place située entre l’hôtel Mercure-Decapolis et l’Assemblée nationale, le vendredi 18 mars dernier, dans l’après-midi. Une manifestation, autorisée par l’administration,  qui s’est déroulée, cette fois,  sans police anti-émeute, blessés et arrestations. Ainsi, tout en restant dans le flou d’une appellation énigmatique, la génération «Facebook» continue à faire entendre sa voix et  avancer ses pions, face à un pouvoir qui reste relativement zen.
 Une absence d’inquiétude et  un  calme olympien  du président Mohamed Ould Abdel Aziz, illustrés, de la plus éclatante des façons, avec la présence, des plus remarquées, de la Mauritanie sur la scène diplomatique africaine, notamment pour aider à éteindre le feu, en Côte d’Ivoire et en Libye. Notre pays, il est vrai, assure la présidence tournante du Conseil de Paix  et de Sécurité de l’Union Africaine (CPS/UA), l’année même ou le chef de l’Etat mauritanien prenait part, pour la première fois, à une réunion de l’organisation panafricaine.

Dans la série des faits marquants du nouveau «printemps diplomatique continental» de la Mauritanie, une réunion  du comité ad hoc sur la Libye, constitué lors de la dernière réunion des chefs d’Etat et de gouvernements de l’UA, le 10 mars dernier, sur la base de la résolution 265 de l’organe continental de sécurité s’est tenu le 19 courant à Nouakchott.
Une rencontre africaine dont l’objectif était d’évaluer la situation de crise en Libye et de fonder les conditions d’un dialogue, entre le guide Kadhafi et ceux qui défient son autorité, depuis près de trois semaines. Des assises africaines manifestement en retard, dans la mesure où, au même moment, les puissances occidentales, réunies à Paris, décidaient de lancer une intervention militaire au pays de l’or noir libyen.
Génération Facebook
La principale revendication du nouveau mouvement de jeunes dont les animateurs restent encore tapis dans la grande multitude, est la formation d’un gouvernement «consensuel», logiquement, donc,  élargi à d’autres forces que la majorité présidentielle, et dont les éléments auraient un profil «technocrate».
Parmi les autres sujets de préoccupation de la Coordination de la Jeunesse, l’état du système éducatif et la  nécessaire réforme d’une justice de plus en plus critiquée. Dans un document rendu public à l’occasion de la manifestation de vendredi dernier, véritable-plate forme de revendications, la Coordination de la Jeunesse du 25 février  exige «des réformes, globales, pour lutter contre le chômage; une forte  hausse du Salaire Minimum Inter-professionnel Garanti (SMIG)» qui serait porté à 73.000 ouguiyas. Autres préoccupations de la génération «Facebook»: la baisse des prix et le problème des populations déplacées des quartiers périurbains.    
Toutefois, en dépit de l’ampleur, relativement limitée, du mouvement de contestation des jeunes, le pouvoir a intérêt à rester sur ses gardes et à méditer le syndrome arabe qui a emporté des pouvoirs trentenaires, en Tunisie et en Egypte. Cela, en dépit de la spécificité des structures sociales et du niveau de développement de la Mauritanie qui fait que la conscience de classe et celle d’un destin commun restent, pour de larges couches de la population, encore inhibées et diluées, dans les liens tribaux.
Ce constat de spécificité ne saurait dispenser le pouvoir actuel, issu  du  mouvement de la «rectification», consacré par le triomphe, au scrutin présidentiel du 18 juillet 2009, d’anticiper et de poser des actes forts, dans le sens de vraies réformes, au-delà de la rhétorique habituelle sur la lutte contre la gabegie; au-delà de mesures circonstancielles, très peu convaincantes, voire politiquement risquées, comme l’ouverture de boutiques-témoins devant lesquels quelques individus subissent le supplice d’un soleil ardent, avant de trouver un à deux kilogrammes de quelques denrées de base.
Il y a urgence à anticiper, sur la base d’une réflexion, approfondie, à travers laquelle seraient conviées toutes les forces vives du pays. Ce qui renvoie, naturellement, au nécessaire dialogue pouvoir/opposition. Cette démarche pourrait couper l’herbe sous les pieds des partisans d’une révolution et autres fauteurs de troubles.
Quant aux sujets des réformes, ils vont bien au-delà des revendications de la génération «Facebook ».Une réalité incontournable, quelque soit le domaine dans lequel porte la réflexion, dans un pays qui traîne des problèmes généralement entourés d’un épais voile, depuis une cinquantaine d’années, en plus de questions politiques et autres de développement communes à la quasi-totalité des pays africains et du monde arabe.       
Nul ne peut contester que la Mauritanie a un réel besoin d’approfondissement de la démocratie et d’un raffermissement de l’Etat de Droit. Le chemin, pour atteindre cet objectif, passe, forcément, par la mise en place d’institutions fortes, régissant le présent et donnant des garanties, quant à l’avenir. Manière de dire qu’un pays qui aspire à la vraie démocratie, loin du «machin-alibi» des nombreuses républiques bananières qui peuplent l’Afrique et le monde arabe, n’a pas besoin d’un homme qui prétend tout contrôler. Car nous savons, tous, maintenant plus que par le passé, comment finissent les grands dictateurs.

Amadou Seck  
Le calame-Mauritanie

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