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jeudi 11 novembre 2010

Quel changement moral


La Mauritanie va fêter, d’après certains ses cinquante ans d’indépendance. Pour d’autres, il s’agit de cinquante ans de deuil. Pour d’autres, c’est cinquante ans d’esclavage. Si nous interrogeons la courte histoire depuis ce que les colons appellent l’indépendance octroyée, de savoir ce qui aurait réellement changé, la réponse est sans doute : RIEN ! Puisque d’un point de vue moral, rien n’est jugé et tranché de l’histoire qui a fait des victimes d’atrocités inhumaines.

Ou bien dirions-nous qu’il y aurait un changement récent après les effervescences qui ramènent les mémoires multiples des couches irrédentistes et réactionnaires.

La description de caractéristiques populaires différentielles demeure et bloque une vraie citoyenneté et égalité :

Au niveau des composantes sociales :

- les haalpulaar qui sont assez nombreux et dispersés jusqu’au Sénégal et les pays environnants, surtout après les évènements sont perçu comme irrédentistes historiques ;

- Les Soninkés moins éprouvés par les évènements de 1989, et qui ont très vite tendance à l’émigration ;

- Les wolofs, les bambaras, perçus souvent comme peu intéressés par la politique.

La célébration du cinquantenaire de l’indépendance remet en question deux points essentiels :

  1. Ce que nous appelons la « question nationale » qui est depuis l’origine latent et que nous avons brusquement découvert avec les atrocités des évènements de 1989. Il y a des précédents de manifestations qui n’ont pas permis aux différentes forces sociales et politiques de retrouver un chemin de discussion et de projection pour un futur concevable pour l’ensemble des Mauritaniens. Le régime actuels hérite d’un lourd passé et manque de courage face à la montée des tensions que pose l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste de Biram Dah Abeid. Est-ce son silence peut suffire comme parade à l’imprévu de la masse populaire discriminée et victime d’esclavage ?
  2. les évènements de 1989 pour lesquels sans la résolution des responsabilités individuelles et collectives vont suspendre les enjeux de citoyenneté et de démocratie à la probabilité d’une réaction tôt ou tard imparable. Les solutions de prières et d’indemnisation ou de corruption prouve qu’il n’y a pas volonté de justice et de réelle réparation des torts par discrimination positive envers les Harratine qui n’arrêtent de s’organiser et de dialogue avec le reste des communautés de victimes qui observent le jeu entre esclaves et pouvoir.

Enfin, l’appréciation du changement par la célébration de l’indépendance se situe sur le plan moral plus que matériel. Et sur ce point moral, rien n’a vraiment changé de la part des bourreaux pendant que du côté des victimes, la patience tend à) atteindre ses limites de jour en jour. L’histoire se précipite dangereusement dans notre pays.

Par Abdel Malick AHMEDOU

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